Des pirogues chargées de migrants partent encore chaque semaine de Mauritanie vers les îles espagnoles des Canaries et «ça va continuer», dit-on au port de Nouadhibou, où «tout le monde s'est mis dans le business de l'immigration», des gendarmes aux vendeurs de poisson. «Ce que font les Européens pour stopper l'émigration clandestine, ne marche pas du tout», constate anonymement un jeune «passeur» de cette ville portuaire située à l'extrême nord de la côte mauritanienne». «La répression, ça ne change rien du tout! Avec la corruption, tu peux sortir (en mer) quand tu veux, où tu veux», plaisante ce jeune homme d'apparence aisé qui reçoit chez lui, à la nuit tombée. Pour lui, comme pour des travailleurs humanitaires mauritaniens et étrangers refusant d'être cités, «s'il y a un peu moins de pirogues qui partent depuis un an, ce n'est pas à cause de la surveillance, mais parce qu'il y a une crise de confiance, comme dans l'économie internationale ! Les migrants craignent de se faire arnaquer et ne donnent plus leur argent aussi facilement aux passeurs». «Il y a eu un moment, en 2006, où tout le monde s'est mis dans le business de l'immigration : les gendarmes, les policiers, les vendeurs de poissons...», explique le passeur. «Mais trop de gens ont pris l'argent (des migrants) et l'ont mangé : c'est comme ça que la crise a commencé...»