Deux récentes décisions de justice en matière de religion représentent un pas en avant pour la liberté de culte en Egypte, mais la bataille pour les droits civils est loin d'être gagnée dans ce pays, estiment les défenseurs des droits de l'homme. En début de semaine, le Haut Tribunal administratif égyptien a autorisé douze coptes, les chrétiens d'Egypte, convertis à l'islam, à revenir officiellement à leur foi d'origine, un verdict qualifié d'historique par leur avocat. Fin janvier, un tribunal a permis à un membre de la minorité religieuse bahaï de laisser vierge la mention de religion sur la carte d'identité. Il faut savoir qu'en Egypte, la religion est mentionnée dans tous les documents d'identité ! Sur les nouvelles cartes numériques égyptiennes, sont mentionnées les religions reconnues officiellement : l'islam, le christianisme et le judaïsme, et si le demandeur refuse l'une de ces dénominations, il ne peut obtenir de papiers d'identité que toute personne âgée de 16 ans doit avoir en permanence sur soi, en vertu d'un état de siège qui court depuis 1978, date de l'assassinat du prédécesseur de Moubarak, Anouar Sadate. Les Egyptiens sans carte d'identité ne peuvent postuler à des emplois, acquérir des propriétés, ouvrir des comptes bancaires ou inscrire leurs enfants à l'école. De plus, des Egyptiens sont encore arrêtés en raison de leurs croyances religieuses. Les deux verdicts, qui feront jurisprudence, s'appuient sur des chartes internationales ratifiées par l'Egypte mais surtout sur les pressions occidentales dont celle récente du Parlement européen. Les Etats-Unis ont, pour leur part, dénoncé en septembre les atteintes aux libertés religieuses en Egypte, leur allié clé au Moyen-Orient. L'ONG Réseau arabe pour les informations sur les droits de l'homme reste pessimiste, voyant dans les mesures du Haut Tribunal de simples effets d'annonces. Pour l'ONG, c'est une avancée formelle car la discrimination religieuse n'est pas attaquée à ses racines et la position du régime sera toujours marquée par sa tendance à la surenchère croyant stopper la propagation de l'extrémisme religieux en Egypte. Moubarak est maintenant dans l'embarras car il doit choisir entre être un chef d'Etat qui défend les libertés civiles et ou chef religieux, estime le Réseau arabe pour les informations sur les droits de l'homme. Cheikh Youssef El-Badri, un religieux d'El-Azhar rendu célèbre par de nombreuses affaires juridiques impliquant des intellectuels, a, d'ores et déjà, rejeté ces verdicts, exigeant de l'Etat une loi pour punir les apostats. D. B.