Butin n Les revenus des pirates somaliens sont considérables. Au cours des douze derniers mois, ils ont amassé quelque 150 millions de dollars, a révélé récemment le ministre kenyan des Affaires étrangères. Il y a lieu de préciser que cette importante manne financière provient principalement des rançons qu'ils exigent – et obtiennent le plus souvent – à chaque fois qu'ils détournent un navire. Des rançons qui, au départ, étaient dérisoires. Au milieu des années 1990, «ils demandaient notamment des montres et de l'argent trouvé sur les bateaux», a confié au site Internet de France 24 le directeur général des opérations de l'Autorité des gardes-côtes au Yémen. Mais au fil des années et des détournements, les rançons sont devenues «plus importantes en fonction de la marchandise transportée», a-t-il poursuivi. Ainsi ont-ils exigé 25 millions de dollars pour libérer le super-tanker saoudien et ses 300 000 tonnes de pétrole, soit 10% de la valeur du bateau et de sa cargaison. Le groupe qui a détourné le cargo ukrainien «MV Faina», le 25 septembre dernier, avec sa cargaison d'armes et de 33 chars de conception soviétique, a placé la barre un peu plus haut : ils ont demandé, dans un premier temps, une rançon de…35 millions de dollars. Un montant qu'ils ont finalement revu à la baisse à deux reprises : à 8 puis à 3 millions de dollars. L'objectif étant de «garantir et de faciliter le paiement de la rançon». Il faut dire que les propriétaires des navires détournés préfèrent, dans la plupart des cas, payer surtout quand la rançon exigée n'est pas exorbitante. C'est pourquoi les pirates «deviennent plus audacieux encore dans leurs activités», a commenté le ministre kenyan des Affaires étrangères. Et de déplorer : «Le complot s'épaissit de jour en jour. Ce qui a débuté par une simple activité illégale par quelques ressortissants somaliens dévoyés, ressemble maintenant à une entreprise criminelle internationale majeure.» Outre les pirates, la situation d'insécurité qui prévaut au golfe d'Aden et dans l'océan Indien profite aux sociétés de sécurité privées. Celles-ci sont de plus en plus nombreuses d'ailleurs à proposer leurs services aux armateurs. La piraterie a donné naissance à un marché potentiel très important. Cependant, «sa floraison n'est pas pour demain», tranchent les professionnels du secteur maritime. Et pour cause : beaucoup d'obstacles demeurent. «D'abord, tous les bateaux ne peuvent se payer une telle protection. Et aujourd'hui, aucun pavillon n'accepte de gardes armés à bord. De plus, certains ports interdisent les armes à bord, même sous clé, de vaisseaux marchands, même en transit. Enfin, si des combats ont lieu dans des eaux territoriales, la législation ne protégera pas nécessairement la riposte, fût-elle d'autodéfense», a expliqué le directeur du BMI dans une déclaration au quotidien suisse La Tribune de Genève. Selon le responsable «transport maritime» de la société française Secopex cité récemment par l'hebdomadaire VSD, des escortes armées non embarquées coûtent pas moins de 12 000 dollars par jour.