Résumé de la 1re partie n Alfred Wegener n'est pas pris au sérieux pour sa théorie de la dérive des continents.... Le capitaine Hansen tire une bouffée de sa pipe. — Voyez-vous, professeur, ce qu'il aurait fallu dans votre expédition, c'est un ouvrier, un brave ouvrier totalement ignorant en science mais ayant l'esprit pratique. Et, comme l'inventeur de la dérive des continents fait une moue dubitative, il ajoute : — J'espère que tout se terminera bien. Le bateau a accosté depuis déjà quelque temps. C'est maintenant le débarquement de l'énorme matériel de l'expédition : plus de cent vingt tonnes d'équipements divers. Alfred Wegener surveille les opérations. Outre les professeurs Georgi et Sorge, il y a avec lui le docteur Loewe, médecin de l'expédition, et une dizaine de techniciens. Ceux-ci donnent un coup de main aux porteurs esquimaux qui ont été recrutés sur place et qui, c'est le moins qu'on puisse dire, ne font guère preuve d'énergie. Tout cela s'effectue dans la pagaille, chacun tenant visiblement à en faire le moins possible. Le capitaine Hansen, qui assiste au manège avec quelque irritation, se permet d'intervenir auprès d'Alfred Wegener : — Vous voyez bien qu'ils se traînent. Secouez-les un peu ! Mais faire preuve d'autorité n'est pas dans le caractère d'Alfred Wegener. Il s'adresse au contraire aux deux professeurs et au médecin — Venez, mes amis ! Nous allons les aider. Le capitaine Hansen voit les trois savants et le médecin se mettre à coltiner de lourdes charges au risque de s'épuiser et, bien que cela ne fasse pas partie de ses attributions, il va les aider à son tour. Le débarquement se poursuit. Alfred Wegener montre avec fierté au capitaine les deux véhicules à moteur de son expédition. Il faut dire que ce sont des engins totalement révolutionnaires, propulsés sur skis par une hélice d'avion située à l'arrière. — Ils peuvent atteindre la vitesse de 30 km/h et les moteurs sont conçus pour résister à une température de -40° C. — Et s'ils tombent en panne quand même ? Le savant lui désigne les passagers à quatre pattes qui sont en train de sortir de la cale. — Tout est prévu : nous avons de nombreux attelages avec chiens et vingt-cinq poneys islandais. Ce sont des bêtes spécialement entraînées à marcher sur les glaciers. Le capitaine voit passer devant lui des petites bêtes robustes au poil très long, certainement adaptées à ces climats. — Et le fourrage, vous y avez pensé ? Il voit son interlocuteur pâlir. — Le fourrage, vous dites ?... Non, je crois bien qu'on l'a oublié. Wegener a juste terminé sa phrase qu'un des membres de l'expédition vient le trouver : — Tout a été débarqué, professeur, mais il manque l'installation téléphonique... Il s'agit de la ligne qui devait relier la station centrale où les professeurs Georgi et Sorge vont faire leurs observations à la station côtière, avec Alfred Wegener lui-même. Son absence multiplie les risques, mais il est trop tard, il faudra s'en passer. Ce dont on ne peut pas se passer, en revanche, c'est le fourrage pour les poneys. Voilà donc Alfred Wegener obligé d'aller visiter les quelques villages esquimaux disséminés le long de la côte pour leur acheter le foin indispensable. Cela prend plus d'une semaine et ce sont des jours précieux qui sont perdus, car il faut absolument être prêts avant l'arrivée du froid. (à suivre...)