Fait n Pour longtemps encore, l'Histoire retiendra que c'est en 2008 que la possibilité a été donnée à l'actuel président de la République de briguer un autre mandat à la tête du pays, en 2009. La constitution de 1996 limite le nombre de mandats présidentiels à deux. Abdelaziz Bouteflika présente un projet d'amendement pour faire sauter le verrou de l'article 76 et renforcer les attributs du chef de l'Etat. Sans passer par la voie référendaire. Comme une lettre à la poste, le Parlement, réuni en congrès le 12 novembre dans le faste du Palais des nations, adopte le changement. Presque sans la moindre voix discordante. Hormis les députés et sénateurs du RCD, les élus disent : oui ! 500 voix pour, 21 contre et 8 abstentions. Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, peut rester à la tête de l'Etat jusqu'en 2014 et bien au-delà s'il le désire. Les défenseurs du «troisième mandat» estiment que l'amendement est motivé par le souci de permettre au peuple «seul dépositaire de la souveraineté» de «choisir librement ses dirigeants». Autrement dit, si les Algériens partagent la vision de Abdelaziz Bouteflika et voient en lui l'homme de la situation, rien ne devrait les empêcher de le reconduire. Pas même une clause de la Constitution. Pour les détracteurs qui ne perdent surtout pas de vue que ce même peuple n'a pas été consulté, il s'agit plutôt d'un recul sur les acquis démocratiques. L'Histoire aura la lourde tâche de départager les uns et les autres… Au-delà de la non-limitation du nombre de mandats, il faut retenir aussi que l'amendement apporté à la loi fondamentale du pays a induit un autre changement de taille : la suppression du poste de chef de gouvernement, introduit par la constitution de 1989, et son remplacement par la fonction de Premier ministre. C'est à Ahmed Ouyahia qu'échoit l'honneur d'étrenner la nouvelle fonction. Le commis de l'Etat, comme il aime lui-même à se définir, se retrouve pour la 4e fois à la tête de l'Exécutif. En juin, il avait remplacé Abdelaziz Belkhadem, dont le parti (FLN) détient pourtant la majorité au Parlement. Il aura, sauf imprévu, à organiser les prochaines élections présidentielles. En changeant de statut, l'Exécutif ne change pas pour autant de composante. L'inusable Yazid Zerhouni qui gère le lourd portefeuille de l'intérieur depuis 2000, l'indéboulonnable ministre de l'Education Boubekeur Benbouzid, détenteur de tous les records de longévité, et tous les autres sont toujours là. Seul Abderrachid Boukerzaza a cédé sa place à Azzedine Mihoubi au département de la communication qui, à l'occasion, perd un galon en passant de rang de ministère à celui de secrétariat d'Etat. Cette nomination sonne la fin d'une époque dans le champ médiatique national, puisque l'inamovible Hamraoui Habib Chawki ne tiendra pas trois jours de plus à la tête de l'ENTV. Du côté de la classe politique, c'est le calme plat. Curieusement, l'année 2008 a épargné aux partis les affres des déchirures internes auxquels nous assistions à chaque période pré-électorale, si l'on excepte les quelques escarmouches sans gravité signalée au MSP et au RCD.