Résumé de la 8e partie n Le but du rendez-vous entre Mme Risk et Harry est de faire entendre à ce dernier que Tante Marguerite n'a pas fait de lui son héritier, de la bouche même du notaire... Le pied de son verre se brisa entre les doigts de Harry. Sans paraître se soucier du vin répandu éclaboussant la table comme du sang, il se leva. Sa chaise de plastique se renversa derrière lui. Surprises, quelques personnes levèrent les yeux. L'homme plus âgé regarda Bob pensivement. — Tu sais, je vais réfléchir à tout ça. Vraiment. Ça peut être une bonne idée, de donner sa chance à ce pauvre gars.. Harry quitta la jetée en toute hâte. Il ne salua même pas Mme Risk et, dans sa fuite éperdue, semblait aveugle à ce qui l'entourait. Mme Risk soupira. Bob posa sur elle un regard inquiet. Elle lui tapota la main. — Je te remercie, mon chou. Je sais que c'était difficile. Bob jeta un coup d'œil à son collègue, qui piquait du nez dans son cinquième verre de vin, et haussa les épaules. — Leon aura tout oublié demain. Il jeta sa serviette sur la table. — Il vaut mieux que je le raccompagne. Mme Risk approuva. Elle resta jusqu'à ce que le soleil ait tout à fait disparu, puis rentra chez elle. Au cours des semaines suivantes, Mme Risk se tint au courant des faits et gestes de Harry. A sa grande surprise, il ne quitta pas son emploi. Rien ne semblait avoir changé, à part le fait qu'il commença soudain à venir deux fois par semaine, au lieu d'une, au cours de poterie de Randy. Un matin, Mme Risk reçut un coup de téléphone de Rachel. — Tu ne' vas pas en croire tes oreilles ! Oncle Harry a demandé à Christa de l'épouser, hier soir au cours. Tu aurais dû voir sa joie ! Qu'est-il donc arrivé à Harry, depuis le mois dernier ? Tante Marguerite va avoir une attaque quand elle apprendra la nouvelle ! — Ce qui, je n'en doute pas, te briserait le cœur, répliqua sèchement Mme Risk. Et, lorsqu'elle raccrocha, elle n'avait pas du tout l'air gai. C'est alors qu'advint l'incendie. Mme Risk se trouvait dans la foule qui regardait les pompiers arpenter le théâtre de l'incident, noirci et encore fumant. On avait aidé oncle Harry à se mettre à l'abri de l'autre côté de la rue. Là, il respirait grâce à un ballon d'oxygène, entouré d'amis inquiets. Après un accès de rage à la vue, de sa propriété endommagée, Marguerite avait, dans un geste théâtral, croisé les bras sur sa poitrine imposante. Elle déambulait comme une ivrognesse, bousculant au passage les pompiers en plein travail. Les médecins présents lui prirent poliment le pouls, puis la poussèrent à l'écart. Rachel dit, en fronçant les sourcils : — Il n'y a pas eu un seul incendie ici, depuis l'arrivée d'oncle Harry. Ça fait combien de temps, au juste ? Dix ans ? Marguerite, vexée de constater que sa détresse laissait tout le monde indifférent, se mit à proférer des menaces à l'égard du «débile qui a laissé un truc pareil arriver», en d'autres termes : Harry. Cela lui permit de récolter l'attention souhaitée, mais pas la compassion. Son auditoire, composé en majeure partie d'amis de Harry, la fusilla du regard. (à suivre...)