Phénomène n La violence liée au trafic de drogue a fait irruption dans la campagne électorale pour les législatives du 5 juillet au Mexique, avec des coups de feu contre des candidats d'opposition dans deux points «chauds» du pays. Un candidat du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), Nicanor Adame, a été blessé par balle, hier, lundi, par des inconnus dans l'Etat de Guerrero, près de la célèbre station balnéaire d'Acapulco, sur la côte de l'océan Pacifique. Avant-hier dimanche, le cortège d'Emmanuel Lopez, candidat d'une autre formation de gauche, le Parti social démocrate (PSD), a été la cible de tireurs sur une route proche d'Acapulco. Il n'avait pas été touché, mais son suppléant, blessé, a subi une intervention chirurgicale. Un autre candidat du PSD avait essuyé des coups de feu samedi dans la même région, et son chauffeur avait été blessé par un des tirs. Ces attentats n'étaient pas les premiers à viser le PSD, qui s'est prononcé à plusieurs reprises pour la légalisation de la drogue. Cette légalisation «pourrait mettre un terme aux meurtres et à la violence généralisée», estime le parti. Une position qui ne semble pas plaire aux cartels de la drogue, dont l'Etat de Guerrero est un fief connu. Au Mexique, on estime à plus de 5 300 en 2008, et plus de 2 500 depuis le début de l'année, le nombre de morts violentes provoquées par les activités des cartels, qui se disputent le contrôle du trafic de drogue et de son expédition aux Etats-Unis, premier client mondial pour la cocaïne. Face à cette situation, les dirigeants du PRD dans l'Etat de Guerrero ont demandé, hier, aux autorités «d'assurer la sécurité de tous les candidats». Des municipalités sont particulièrement dangereuses, «en raison de la présence des trafiquants de drogue», ont-ils expliqué. Des attentats similaires ont été commis à l'autre bout du pays, près de la frontière des Etats-Unis, un point de passage long de 3 000 km pour la drogue. En Basse-Californie, la voiture de la candidate du PSD a été brûlée par un cocktail Molotov vendredi dernier, et des coups de feu ont été tirés quelques jours plus tôt contre une autre voiture qui affichait un slogan du PSD proclamant : «Les choses ne se règlent pas à coups de feu, légalisons les drogues.» Le PRD est la deuxième force politique à l'Assemblée nationale. Le PSD ne représente que 2% des députés, mais se fait remarquer par des propositions dérangeantes pour l'Eglise, comme la dépénalisation de l'avortement et la légalisation du mariage homosexuel, ou pour les cartels, celle des drogues «les plus utilisées dans le pays».