Baisser de rideau n La 4e édition du Festival national du théâtre professionnel a pris fin, hier, au théâtre national Mahieddine-Bachtarzi. C'est le Théâtre régional de Constantine qui a clôturé le In en présentant La Colère des amants, une pièce écrite et mise en scène par Hama Meliani. La pièce est composée de sept tableaux. Ces actes s'organisent entre rêve et fureur, passion et réalité. Sur scène se tisse le visage d'une génération traquée, démunie et qui existe pourtant par l'ardeur de son amour et sa résistance à la violence. C'est également un devoir de témoignage à la manière du théâtre que d'évoquer notre époque par une fantaisie qui joue à mettre en lumière les crimes et les violences de ce monde. Sarcasme, humour et cruauté sont au service d'un théâtre dont ici l'apparence cocasse pourrait bien masquer quelque réelle gravité. Dans ces chroniques de la terre s'exprime la rage des amants. Ainsi, la pièce, sur fond de tension et de dualité, raconte une belle histoire d'amour. La pièce, au plan thématique, s'avère intéressante et construite. Même constat au niveau de la scénographie : le décor reflétant un style recherché et une expression maintenue, est amovible. Il change de configuration en fonction de la situation scénique. Il est fonctionnel. La spatialité est mouvante et changeante. Toutefois, le jeu se dévoile autrement. Plusieurs comédiens (seize en tout) occupent les planches. Cela revient à dire divers rapports, à lier les uns aux autres et plusieurs histoires à raconter, histoires qui, parfois, se confondent jusqu'à jeter la confusion – le jeu composé est à l'image de ce fatras et de cet éparpillement. Long et fastidieux, il se révèle peu attrayant et moins attachant. Les comédiens, sur les planches, s'agitent au lieu d'agir – il y a absence d'action tout comme d'émotion. C'est un jeu neutre. Cela veut dire que leur jeu se résume à la parole. Seulement des discours. Le jeu est alors faible et appauvri par une interprétation qui manque de teneur et de crédibilité théâtrale, un jeu dépourvu d'expressivité et de rigueur. Cette carence est plus perceptible, notamment dans l'interprétation langagière. La pièce est jouée en langue arabe classique. Il se trouve que les comédiens semblent ne pas contenir la maîtrise de la langue : le débit n'est pas convaincant. Le langage s'avère dépossédé de sa poésie et de sa théâtralité. La pièce, qui aurait dû être jouée en arabe dialectal en vue de gagner dans l'intonation, l'accent et donc du caractère, raconte néanmoins une belle histoire d'amour, mais d'un point de vue formel elle est inachevée et circonscrite dans un jeu dispersé et touffu.