Photo : Zoheir Par Smaïl Boughazi L'Algérie est un pays exportateur de gaz avant d'être exportateur de pétrole. C'est le premier producteur de GPL en Afrique et le deuxième exportateur de ce liquide dans le monde. Cette richesse gazière peut permettre à l'Algérie de s'orienter beaucoup plus vers l'utilisation de cette ressource plus propre que le pétrole et à moindre coût par rapport au gasoil, et son exploitation rationnellement. C'est pourquoi, ces dernières années, les responsables du secteur de l'énergie veulent opter pour une consommation de ce gaz à tous les niveaux et en particulier pour l'automobile. Le GPL/C est une énergie qui a démontré son efficacité partout dans le monde. Appelé communément «Sirghaz», le GPL/C est un carburant propre, affirment les spécialistes. Il ne contient ni soufre, ni plomb, ni eau. Ses gaz d'échappement renferment cinq fois moins d'oxyde de carbone et deux fois moins d'oxyde d'azote et d'hydrocarbures imbrûlés que n'en dégage l'essence. C'est dans ce sens que son utilisation est fortement appuyée par les pouvoirs publics qui vont même jusqu'à la subvention de la reconversion des véhicules. Toutefois, selon les chiffres disponibles, sa généralisation reste faible. Jusqu'à l'année dernière, les statistiques indiquent que 120 000 véhicules ont été convertis au GPL/C. Un chiffre peu élevé. Comparativement à d'autres pays, l'Algérie, ainsi, reste à la traîne même si l'élément principal, à savoir la disponibilité de cette ressource, ne pose pas problème. Et bien que l'Etat ait consenti des efforts énormes, entre autres, la subvention des kits d'installation et les différentes campagnes de sensibilisation menées par différents organismes. En langage chiffré, actuellement le réseau de distribution de GPL/C est composé de 268 stations, réparties à travers le territoire national ; le parc roulant équipé de kits GPL/C est estimé à 120 000 véhicules. Plusieurs initiatives ont été entamées par les pouvoirs publics, ces dernières années, notamment dans le secteur de l'énergie. A titre d'exemple, on peut citer la conversion au GPL/C de 1 000 taxis d'Alger. Afin de renforcer ce projet qui joue un rôle important en termes de réduction de la pollution inhérente au transport routier, le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, le Groupe Sonatrach, le syndicat général UNACT et l'installateur de GPL/C Ghazel ont associé leurs efforts pour concrétiser ce projet. Un projet qui s'inscrit également dans le cadre de la lutte contre la pollution atmosphérique et la préservation de la santé publique, notamment au niveau des grandes agglomérations urbaines. Dans le même cadre, un programme de soutien à l'installation des kits GPL a été proposé par l'Agence pour la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (APRUE). Ce programme qui sera pris en charge par le Fonds algérien pour la maîtrise de l'énergie comporte une subvention pouvant aller jusqu'à 25% pour l'installation de 8 000 kits GPL à raison de 2 000 conversions par année jusqu'à l'horizon 2011. En ce qui concerne la production, un chapitre aussi important, il est prévu une production de 750 000 tonnes qui seront distribuées à travers 800 stations en 2010. Rappelons qu'en 2002 la production de GPL/C était de l'ordre de 265 000 tonnes, 300 000 en 2004 et 316 230 en 2006. En 1989, l'opération GPL/C enregistrait un total de 11 485 véhicules convertis, 69 stations de distribution et 36 centres de conversion sur l'ensemble du territoire. Après l'ouverture du secteur au privé, sur les 11 nouvelles stations mises en service, en 1997, 5 ont été réalisées par des privés. Au même titre, et dans le cadre de sa stratégie commerciale, la branche commercialisation de Naftal a lancé une vaste opération à l'endroit de sa clientèle, de ses travailleurs ainsi que des concessionnaires automobiles et de leurs clients pour l'installation du kit conversion Sirghaz en leur offrant des prix préférentiels. Cette action vise aussi, selon les responsables, à générer les ventes de Sirghaz et atteindre un volume conséquent pour les prochaines années. En effet, la branche commercialisation s'est dotée d'un équipement conséquent nécessaire à la conversion et à l'installation des kits GPL pour les besoins de ses centres de conversion qui se trouvent sur l'ensemble du territoire. Ce lot d'équipements est composé de 13 000 kits, poly-vannes et mélangeurs, ainsi que des équipements de d'outillage composés de ponts élévateurs, de crics roulants et d'ateliers avec outils. Pour l'année 2008, il est prévu également l'acquisition de 500 réservoirs de type torique D600+200, de 12 500 réservoirs de type cylindrique et torique. Durant l'année 2007, les responsables de Naftal indiquent que les centres de conversion relevant de la société ont équipé 2 232 véhicules et ce, suite à la signature de conventions avec quatre concessionnaires, à savoir Sovac, Chevrolet, SIPAC, et Famoval. Précisons aussi que 35 techniciens de Naftal ont bénéficié d'une formation d'installateur sur le kit séquentiel, le kit à carburant et le kit injection. Parallèlement, des concessionnaires ont décidé d'opter pour cette énergie et de monter des blocs-moteurs adaptés au GPL. La Logan GPL est un exemple édifiant. La mise sur pied de ce projet a nécessité deux années. Les kits de conversion et l'assistance ont été fournis par l'italien Landi Renzo, partenaire de Renault. L'installation, quant à elle, se fera en Algérie et sera assurée par l'opérateur local Ghazal. Ce dernier vient de dresser un nouvel atelier dédié à la conversion exclusive des véhicules du groupe Renault au GPL. La maison mère s'est chargée de fournir des blocs-moteurs adaptés au GPL en renforçant le siège de soupapes et les soupapes, éléments particulièrement éprouvés par le GPL dans sa phase de combustion. Les responsables du secteur de l'énergie affirment globalement que Algérie a mené depuis les années 1980 une politique de développement du GPL/C en substitution des carburants traditionnels et notamment les essences, en raison de ses réserves importantes en GPL et pour lutter contre la pollution. Cette politique a actuellement atteint sa maturité du fait de certains éléments, notamment «l'existence d'un parc relativement important de véhicules convertis au GPL, la mise en place à travers le territoire d'installateurs de kits GPL sur véhicules, la disponibilité d'un réseau important de stations-service distribuant le GPL, la demande croissante en ce produit, le prix du GPL/C à la pompe très attractif [différentiel important avec les essences], l'utilisation du bupro dont la teneur en butane autorisée peut atteindre 45%, rend possible l'usage du GPL provenant directement des unités de traitement du gaz naturel et du pétrole du sud du pays».