«Le niveau du football algérien et du sport en général est le reflet du niveau de nos entraîneurs», nous a confié le technicien Roger Lemerre. Une phrase qui en dit long par rapport aux différentes supputations que suscite le sport dans notre pays. Ce qui pourrait bien signifier: si nous sommes tous unanimes à reconnaître que le niveau du sport national est bon, c'est que le niveau des entraîneurs est bon et inversement; s'il ne l'est pas, il en va de même pour les techniciens locaux. Disons-le, s'il n'est pas facile d'apprécier nos entraîneurs locaux, il faut tout de même reconnaître qu'ils font face à beaucoup de difficultés, ce qui ne leur permet pas toujours de s'exprimer convenablement En effet, un entraîneur est d'abord une personne qui exerce une responsabilité et intervient sur les paramètres et les facteurs de la performance. C'est dans cette logique que le directeur technique national trace un programme que doit suivre un entraîneur nommé à la tête d'une sélection ou d'un club de joueurs, pour le hisser au niveau de performance le plus élevé possible. En dépit du talent de certains athlètes, le sport algérien a toujours gardé des méthodes empiriques de gestion et d'organisation. La politique de détection et de formation des jeunes talents est quasiment inexistante. Les sélections de jeunes essaient de combler malgré tout ce manquement. Les écoles de sport ou centres d'apprentissage en sports font cruellement défaut dans la plupart des régions du pays. Le manque d'infrastructures et d'installations adéquates se pose avec acuité. Les salles omnisport, les palais des sports, les terrains aux normes olympiques et les vélodromes... se font attendre. Les clubs, toutes disciplines confondues, n'ont pour la plupart pas de siège social, ni de terrain d'entraînement. Ils squattent les espaces libres laissés par la commune où les terrains et cours de certains stades. Ce sont des associations sportives sans existence légale, fonctionnant sans budget, sans politique de marketing et de communication. Ils n'ont aucune stratégie de sponsoring. La mutation des clubs en véritables sociétés anonymes à objet sportif s'impose, avec les exigences qui vont avec, comme la construction d'un siège social, l'adoption d'un budget de fonctionnement, la mise en place d'un personnel administratif et technique au service du club et les activités annexes génératrices de revenus comme la vente des produits du club, les abonnements, gadgets, etc. Il est vrai que des entraîneurs se compromettent parfois, pour pouvoir conserver leur poste, ou trouver un club à entraîner. Il faut avouer que lorsqu'ils recrutent des entraîneurs nationaux, les dirigeants ne font pas assez d'efforts pour les mettre dans de bonnes conditions de travail, mais pour le technicien étranger, on est prêt à tous les sacrifices possibles, afin qu'il réussisse sa mission. Pour cela, le ministère de la Jeunesse et des Sports, qui a initié à partir de cette année la politique de signature des contrats d'objectifs avec les différentes fédérations nationales, peut tirer profit de la réorganisation du sport national sur le modèle international, mais avec des accommodations locales. L'Algérie a besoin de la refondation de son sport pour voir éclore de nouveaux talents, espoirs de demain. Il est temps d'arrêter de faire venir de l'étranger des entraîneurs qui n'ont pas le niveau requis. Il faut que les techniciens parviennent à apporter quelque chose. On doit faire confiance aux techniciens algériens et leur donner les moyens en les payant comme on le fait avec les entraîneurs étrangers. Car la plupart d'entre eux ont quitté le pays. Il faut mettre un terme à la fuite de nos cadres vers les pays du Golfe. L'Etat doit accompagner tous les programmes en donnant une autre impulsion aux athlètes et aux techniciens. Notre pays possède des moyens et les compétences requises. Il suffit de leur faire confiance. A. L.