Le gaz naturel est appelé à jouer un rôle crucial dans la transition énergétique mondiale, en raison notamment de son abondance, de ses performances énergétiques et environnementales et de sa complémentarité avec les énergies renouvelables. Dans le scénario de «l'âge d'or du gaz» développé par l'AIE, le gaz deviendra la deuxième source d'énergie primaire en 2035, juste derrière le pétrole, en atteignant 25% du mix-énergétique. Sa demande dépassera celle du charbon avant 2030. Les gaz non conventionnels sont appelés à jouer un rôle important dans ce scénario, ce qui suppose que les conditions requises pour leur expansion mondiale soient mises en place, notamment en termes de normes garantissant une exploitation respectueuse de l'environnement. Aux Etats-Unis, les hydrocarbures de roche mère (gaz et pétrole de schistes) constituent le moteur de la croissance de la production. Ces deux dernières années, la part du gaz de schistes à plus que doublé pour atteindre plus de 30% de la production actuelle et devrait permettre aux Etats-Unis d'atteindre l'indépendance gazière avant 2020. Le premier projet d'exportation par GNL pourrait commencer à livrer du gaz en Asie à partir de fin 2015. En 2012, le nombre de demandes d'autorisation pour l'exportation de GNL a augmenté considérablement : aujourd'hui, on compte une vingtaine de projets pour une capacité totale d'environ 300 Gm3/an, soit trois fois la capacité actuelle du Qatar. Les autorités américaines n'ont pas encore statué sur le volume d'exportation qui sera autorisé mais, il est vraisemblable que nombre de ces projets ne verront pas le jour. Cette révolution du gaz de schistes aux Etats-Unis a entraîné une baisse du prix du gaz qui redonne de la compétitivité à l'industrie américaine, ce qui se traduit notamment par une relocalisation de l'industrie pétrochimique qui bénéficie d'une abondance d'éthane bon marché. A l'international, le développement du gaz non conventionnel présente un potentiel considérable mais aussi de nombreuses incertitudes à la fois géologiques, techniques, environnementales et politiques. La croissance exponentielle de l'offre mondiale de GNL observée ces trois dernières années a marqué un coup d'arrêt en 2012, selon Cedigaz, en raison d'interruptions programmées ou non programmées, du retard de certains projets et d'un manque de gaz disponible chez certains producteurs. Ces contraintes sur l'offre de GNL peuvent entraver le développement d'une liquidité suffisante sur le marché mondial et remettre parfois en cause la fiabilité et la maturité du marché spot européen. Malgré ce ralentissement de la croissance en 2012, Cedigaz anticipe un retour à des hausses de l'ordre de 5% par an du marché mondial du GNL à moyen et long terme, sous l'impulsion de la demande asiatique. Cette évolution est conditionnée au développement de nombreux projets d'exportation de GNL, situés principalement en Amérique du Nord (s'appuyant sur les gaz non conventionnels), en Australie, en Russie, au Nigeria et au Mozambique. Mais ces projets, aux Etats-Unis et ailleurs, restent souvent encore incertains et tous n'aboutiront pas, ce qui met en évidence les défis que l'industrie gazière va devoir relever à moyen et à plus long terme pour assurer l'expansion gazière mondiale et permettre un âge d'or du gaz. Y. S.