Hier après-midi, juste après la prière du vendredi, des milliers d'Algéroises et d'Algérois se sont donné rendez-vous dans la rue pour une marche en solidarité avec le peuple palestinien victime d'une véritable épuration ethnique menée impunément par les Israéliens. 13h45, la place des Martyrs est submergée par une foule en colère et bien déterminée à faire passer le message : des centaines, voire des milliers de jeunes, vieux, femmes et enfants, arborant les drapeaux palestiniens et criant des slogans dénonciateurs du génocide de Ghaza. Les forces de l'ordre interviennent et tentent de calmer les manifestants qui font appel à une marche pacifiste. «Massira selmia, massira selmia, massira selmia !» cirent-ils. Le rassemblement est impressionnant. «Nous avons décidé de faire une marche, c'est la seule chose qu'on peut faire et rien ne pourra nous en empêcher», déclarent des manifestants avant d'entamer une course folle pour tenter de déborder les forces de l'ordre. Devant la pression de la foule, ces dernières, qui avaient jusque-là bloqué la marche au niveau de la place des Martyrs, cèdent le passage aux manifestants. Au niveau du siège de la wilaya d'Alger, le renfort arrive. Des dizaines de fourgons de la brigade anti-émeute tentent de disperser les manifestants. Peine perdue, les manifestants s'échappent à travers les ruelles, d'autres groupes venant de Belcourt les rejoignent. Les forces de l'ordre, occupées à bloquer les manifestants venus de Bab El Oued, sont prises de revers. Les policiers sont pris en tenailles entre deux vagues de manifestants. Ils n'avaient d'autre choix que de laisser la jonction des deux vagues s'opérer pour essayer de canaliser par la suite le flux de manifestants qui crient «honte aux Arabes». Des youyous poussés par des femmes sorties sur les balcons des immeubles alentour électriseront l'ambiance. Une jeune femme a pris son foulard pour le rouler sur une poupée en guise de linceul. Les larmes aux yeux, elle lève sa poupée et crie : «Sauvez les enfants, sauvez les enfants.» La foule dépasse la rue de la Liberté et marche en direction de la place Audin, elle monte vers la rue Didouche Mourad puis une partie se détache pour descendre le long du boulevard Victor Hugo. Les forces de l'ordre peinent à contenir les manifestant, d'autant plus que des groupuscules s'en détachent et menacent de passer à la casse. Il aura fallu du renfort pour dévier la foule qui voulait marcher sur l'ambassade américaine. Au niveau du Sacré Cœur, une partie de la foule continue d'avancer vers le Télemly jusqu'à ce qu'elle bute sur un nouveau barrage de la brigade anti-émeute. W. S.