Trois syndicats de l'éducation nationale ont décidé, séparément, de paralyser, cette semaine, les établissements scolaires à travers le pays. L'Unpef (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation) à partir de demain, dimanche. Elle reconduit son mouvement protestataire pour la deuxième semaine consécutive et déclare sa relation rompue avec le ministère de tutelle. L'organisation autonome dégage sa responsabilité dans ce que cette nouvelle perturbation va entraîner comme préjudices sur le moral des élèves et de leurs parents. De même que sur le déroulement des examens du deuxième et troisième trimestre. D'ores et déjà, elle les rejette sur le département de Abdelatif Baba Ahmed. Le Snapest (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) s'est réuni, jeudi soir, autour de la même problématique et a décidé de reconduire sa grève (des 26 et 27 janvier derniers), lundi 3 février pour une durée de trois jours, soit lundi, mardi et mercredi. Le Cnapeste (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique élargi) lève sa décision de suspendre la grève des deux semaines du mois d'octobre. Il appelle à une journée de grève reconductible le mardi 4 février. Soit une grève ouverte à partir de cette date si la tutelle n'engage pas des négociations pour l'arrêter. De leur côté, les élèves commencent à sortir dans la rue, non pour dire leur colère de ces grèves à répétition mais pour réclamer ce qu'ils appellent «El Ataba», c'est-à-dire un seuil des programmes. Ils font cela pour la sixième année consécutive et, hasard ou non, c'est le mois de janvier qu'ils entament leur action. Cela s'est passé, jeudi dernier, à Alger-ouest, dans quelques établissements de la wilaya de Boumerdès et à Annaba. Voilà qui remet en cause toutes les déclarations rassurantes du ministre, Abdelatif Baba Ahmed, et ses collaborateurs, concernant leurs relations avec le partenaire social et les conditions d'enseignement. Meziane Meriane, porte-parole du Snapest affirme qu'il est vrai que les portes du ministère restent toujours ouvertes et que le dialogue n'est pas interrompu, mais «il n'y a pas de négociations sur nos revendications. Ils disent que leur prise en charge relève de la direction de la Fonction publique et du ministère des Finances. Nous demandons donc une réunion de travail avec ces deux organismes, notre ministère et le partenaire social». Un appel qui demeure sans écho. Pour cette reprise de la grève, à un moment où pouvoirs publics et parents d'élèves aspirent à une stabilité parfaite dans le secteur, le Snapest insiste sur sa revendication qui porte sur la classification des enseignants du secondaire et du technique. L'intégration automatique dans le corps de «professeur principal» après dix années de travail et «professeur formateur» après vingt ans. M. Meriane affirme que des postes budgétaires sont attribués pour ces deux corps, mais sont insignifiants par rapport à l'effectif des enseignants qui prétendent à cette promotion. Le Snapest évoque également le problème des enseignants du technique -ceux-là qui paient les frais d'une décision ministérielle sans fondement qui porte sur le démantèlement de l'enseignement technique- et réclame leur intégration en tant que PES (professeur d'enseignement secondaire). La classification, l'autre grande revendication après les salaires Le représentant du Snapest relève que l'administration n'applique pas le décret 90-49 (intégration après concours) et affirme que 24 ans après, il est dit à ces enseignants qu'ils pourraient intégrer le corps des PES, mais en perdant leur ancienneté. Chose inconcevable. Le Cnapest aussi exige du ministère d'envoyer une instruction immédiate aux directions de l'éducation des wilayas pour annuler la décision de transformer les postes de promotion (professeur principal et professeur formateur) en postes de recrutement. De même qu'il réitère sa demande au même ministère de convertir les postes spécifiques en postes de promotion. «Nous avons dit au ministère que celui qui occupe un poste spécifique, comme c'est le cas du coordinateur des matières, assure les mêmes tâches que le professeur principal. Pourquoi continuer alors à recruter pour un poste de coordinateur du moment que nous avons un professeur principal? Il y en a 25 000 actuellement, le chiffre avancé par le ministère. Nous attendons que ces 25 000 postes soient ouverts pour les professeurs principaux.» L'Unpef insiste aussi sur la classification et l'intégration automatique des enseignants dans les grades supérieurs. En somme, pour le moment, il ne s'agit nullement de la révision du statut particulier, le gouvernement ayant tranché pour son non amendement à l'heure actuelle. Ni d'augmentations de salaires. Il s'agit de ce qui est appelé «progression de carrière» quoique, cela aussi, comporte des augmentations assez importantes de salaires et c'est cela, en réalité, qui fait que le département de Baba Ahmed et du gouvernement, de façon générale, tourne le dos à ces revendications. Les mouvements de protestation relancés par les trois syndicats risquent de se prolonger et cela ne sera pas sans conséquences fâcheuses sur le déroulement des cours et des examens. Pire, c'est la crédibilité du baccalauréat qui est, encore une fois, sérieusement menacée. K. M.