Malik Boumati Dans moins de deux mois, les Algériens seront appelés à choisir leur Président parmi les candidats postulant à la présidence de la République. En attendant de connaître les candidats à la candidature retenus par le Conseil constitutionnel, qui sillonneront les wilayas du pays pour convaincre les citoyens de leur donner leurs voix, il serait opportun de connaître le contenu du volet culturel inscrit dans le programme électoral de chacun d'entre eux. Pour cela, il ne faut pas compter sur leurs sorties médiatiques ou les meetings électoraux lors desquels la culture est toujours laissée en marge de la campagne électorale. Il faudra plutôt aller directement vers leurs programmes écrits. Et jusque-là, on y trouvait un petit paragraphe consacré au volet culturel présenté dans des généralités qui ne donnent aucun aperçu sérieux sur leurs intentions pour le secteur. Cette réalité n'est pas propre à un seul candidat mais à tous les candidats qui ont rêvé un jour d'occuper le palais d'El Mouradia et ne concerne pas uniquement la présidentielle du 17 avril prochain mais toutes les élections passées et certainement celles à venir. Mais qu'attend-t-on d'un candidat ou des candidats à cette présidentielle que l'on présente comme sans égale ? Une fois élu et installé dans le quartier «chic» d'El Mouradia, que le locataire du palais redéfinisse l'orientation même de la politique culturelle du pays. Il s'agira d'en finir avec le plus grand handicap du secteur de la culture en Algérie, c'est-à-dire délester les institutions de l'Etat de l'énorme poids de l'organisation des activités culturelles et artistiques et confier cette mission au mouvement associatif qui active comme une colonie de fourmi dans les quatre coins du pays. Cette mesure permettra aux pouvoirs publics, à travers le ministère de la Culture, de s'occuper principalement de l'élaboration de la politique culturelle devant régir le secteur dans le pays et poursuivre les actions visant la socialisation de la culture, la réalisation de nouvelles infrastructures culturelles, la réhabilitation des structures qui ne sont plus opérationnelles... La question relative aux infrastructures reste d'une brûlante actualité dans la mesure où notre pays fait face à un manque flagrant de structures culturelles susceptibles d'accueillir des manifestations de grande envergure. C'est le cas de la wilaya de Tizi Ouzou, où les petites structures ne sont pas utilisées de façon optimale (y compris celles relevant du secteur de la jeunesse et des sports) alors que la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de la ville étouffe sous l'énorme quantité des activités culturelles et artistiques qui y sont programmées. Pour que ces missions de l'Etat soient menées dans les meilleures conditions possibles, le prochain président de la République serait bien inspiré s'il décide de libérer l'initiative culturelle au profit des associations et des animateurs qui ne demandent qu'à être placés au cœur de l'activité. Effectivement, ils sont les meilleurs atouts pour une promotion réelle et un développement concret de l'action culturelle, et l'Etat se doit de leur faire confiance dans ce sens. Cette confiance qui manque tant dans les relations entre les pouvoirs publics et la société civile en général et le mouvement associatif culturel en particulier. Parce que, si les associations culturelles ne sont pas mises au cœur de l'action culturelle, la culture continuera à être cette horrible chose carrée sans âme et le public continuera à bouder «jusqu'à ce que mort s'ensuive». Parce que, qu'on le veuille ou non, et on ne cessera jamais de le dire, l'omniprésence de l'Etat dans l'organisation des activités culturelles restera encore et toujours un gros boulet qui empêchera la culture de s'envoler vers les cimes de l'excellence et la clouera dans les abîmes de la médiocrité. M. B.