La bonne gouvernance exige une consultation régulière de ses partenaires pour un examen approfondi des dossiers et une prise de décision conséquente. Un maire se doit de joindre le mouvement associatif, les organisations de la société civile et les compétences locales à ses plans pour dialoguer, discuter et faire les meilleurs choix. Un wali, même si la loi ne l'y astreint pas expressément, doit aussi ouvrir en permanence les canaux du débat pour recueillir les avis de ses administrés et sonder l'opinion globale afin de prévenir les crises et d'assurer une meilleure exécution des programmes de développement. Cette bonne tradition de l'écoute et de l'échange fructueux fait malheureusement défaut à toutes nos institutions. C'est un constat partagé par tout le monde. On a longtemps glosé sur la gestion participative des affaires publiques, mais rien n'a changé dans les faits. Chaque responsable s'enferme égoïstement dans ses prérogatives et agit sans la moindre concertation avec son environnement immédiat. Cette façon de «dicter sa volonté» suscite souvent incompréhension, frustration et mécontentement. Même les idées et les entreprises les plus généreuses nécessitent un effort d'explication, de vulgarisation et d'adhésion massive pour aboutir pleinement et dans les meilleurs délais. Ce n'est un secret pour personne ! À son niveau, le gouvernement consulte le parlement, les syndicats et les organisations patronales. Nos députés et nos sénateurs, étant ce qu'ils sont, n'ont presque jamais tenu la dragée haute à ce genre d'occasion. Au mieux, ils introduisent des amendements sans réelle portée, voire contreproductifs, sur la feuille de route de l'Exécutif. Le vrai débat sur la politique socioéconomique se fait généralement lors des rencontres tripartites qui réunissent le gouvernement, le patronat et les syndicats. Maîtrisant leur sujet mieux que les parlementaires, les patrons et les représentants des travailleurs interpellent souvent le gouvernement sur des questions de fond. À ce propos, on aimerait bien voir les syndicats autonomes admis, eux aussi, à ce forum pour élargir sa base et étoffer sa force de proposition. En décidant de doter le pacte économique et social d'un comité national mixte de suivi et de mise en œuvre, le gouvernement et ses deux partenaires offrent des prolongements au dialogue et à la concertation. Il s'agit d'un instrument de pilotage essentiel qu'il faut mettre en marche sans délai. Il va sans dire qu'un tel outil doit être absolument sauvegardé et constamment consolidé par l'admission d'autres partenaires susceptibles de lui apporter un plus. On pense particulièrement aux syndicats autonomes, appelés à se constituer en centrale, pour légitimer leur adhésion à cette instance vitale. Les démembrements régionaux du gouvernement doivent faire de même pour s'informer, prendre conseil et rassembler autour des initiatives qu'ils sont censés promouvoir. Comme on le disait précédemment, le wali, le chef de daïra ou le président de l'APC doivent s'en inspirer pour réussir dans leurs missions. Respecté et consulté, le citoyen aura l'opportunité d'exposer clairement ses besoins et la chance de participer à leur concrétisation effective. En plus du temps à gagner en matière d'exécution des projets, nous avons là une véritable école de la citoyenneté qui aura aussi un rôle de premier ordre dans l'éveil des consciences et le rassemblement des énergies. Cela rappelle une belle réplique d'un paysan algérien à l'adresse des services sociaux de la colonisation, rapportée par Hocine Aït Ahmed dans son livre Guerre et après-guerre : «Nous ne sommes pas des poules à grains. C'est de considération et de dignité que nous avons faim.» C'est une phrase qui nous renseigne bien sur la mentalité et la psychologie de l'Algérien. K. A.