Les heurts qui ont éclaté de nouveau, depuis une semaine, dans la vallée du M'zab, ont malheureusement causé la mort de deux jeunes hommes et plusieurs blessés. Le premier a trouvé la mort, dans la soirée de vendredi, dans les échauffourées sporadiques entre groupes de jeunes que connaît la localité de Berriane à 45 km au nord de Ghardaïa, depuis la prière de vendredi dernier. La victime, âgée de vingt-cinq ans a été atteinte par un tir d'un fusil de chasse et a succombé sur les lieux des échauffourées, près du quartier de Kef Hamouda. La deuxième victime, un jeune âgé d'une trentaine d'années, père de trois enfants, touché également dans ces heurts en début de soirée, a été admis dans un état comateux au bloc opératoire de l'hôpital Tirichine avant de succomber tôt dans la matinée d'hier. Plus d'une trentaine de blessés, dont quatre dans un état critique, ont été admis dans la matinée de samedi aux urgences de l'hôpital Tirichine. A signaler que les éléments de la Sûreté nationale ont mis la main sur l'auteur de l'homicide perpétré contre le jeune de 25 ans, selon un communiqué de la Dgsn. Les affrontements ont éclaté à la sortie de la mosquée El-Boukhari, à l'issue de la grande prière du vendredi, rassemblant de nombreux fidèles, à Berriane. Des cocktails Molotov et des pierres ont été lancés lors d'affrontements entre Mozabites et Chaambas. Les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser les groupes rivaux. Les heurts se sont propagés à plusieurs quartiers des communes de Ghardaïa, Bounoura, Daya Ben Dahoua, et Berriane. Ces communes ont été le théâtre d'actes de violence, de destruction, de vandalisme, de pillage suivis d'incendies. Plus d'une centaine de blessés ont été enregistrés depuis le renouvellement des affrontements lundi dernier, a indiqué une source médicale de l'hôpital Tirichine à l'APS. Une cinquantaine de locaux à caractère commercial et d'habitation, quatre parcs de matériels roulants, le siège de la station de l'Institut national de protection des végétaux (Inpv), une vingtaine de véhicules et une trentaine de palmeraies ont été pillés, saccagés avant d'être incendiés par des centaines de jeunes cagoulés. Ces derniers et devant un important dispositif sécuritaire déployé, s'affrontent à l'aide de pierres, d'objets hétéroclites ou de cocktails Molotov, poussant les brigades antiémeute à faire usage de bombes lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les émeutiers. Rappelons que la région de Ghardaïa a été depuis la fin de l'année écoulée le théâtre d'affrontements récurrents entre groupes de jeunes des deux communautés, Chaamba et Mozabite. Ces violences, marquées par des périodes de répit, connaissent actuellement une forte intensité. Plus de 700 locaux à caractère d'habitation et commercial ont été vandalisés, pillés avant d'être incendiés, lors des échauffourées récurrentes qu'a connues Ghardaïa depuis janvier dernier, selon la wilaya. Ces évènements ont fait une dizaine de morts et plus de 400 blessés auxquels s'ajoutent des centaines de maisons et de magasins brûlés dans ce site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Plusieurs actions visant à rétablir définitivement le calme dans la région par le dialogue et le rapprochement entre les deux communautés ont été entreprises par les représentants du gouvernement, de nombreuses personnalités politiques, religieuses (association des oulémas) et sportives. Il y a eu aussi des appels à l'apaisement lancés par plusieurs groupes de citoyens, mais la situation dans la vallée du M'zab ne fait qu'empirer. Hier encore, le FFS a appelé la population à faire preuve de «discernement et de vigilance devant les affrontements larvés qui continuent et dont on n'arrive pas à comprendre les tenants et les aboutissants». Dans un communiqué rendu public, le FFS affirme que «cette radicalisation ne profite qu'aux partisans du chaos». Tout en présentant ses condoléances à toutes les familles endeuillées, le FFS a enfin appelé «les autorités à déployer tous les moyens nécessaires pour rétablir et normaliser la situation». H. Y./Agences