Moumene Belghoul Le Brésil est en demi-finale dans «sa» Coupe du Monde. Le peuple fait la fête, mais la Séléçao est loin de convaincre les millions de Brésiliens qui suivent avec ferveur la copa do mundo. Jeu haché, absence d'individualités techniques, et difficulté à terminer les rencontres. Le Brésil, grand producteur de footballeurs de talent qui écument les continents, a une équipe fragile. Qui souffre dans ses différentes rencontres depuis le coup de starter de ce Mondial, faisant à chaque fois éprouver tout un peuple. Même si ses victoires dans la douleur suscitent davantage de frénésie et incitent à l'union sacrée autour des joueurs et de l'entraîneur, l'inquiétude est de mise. Ça sera dur, mais on y parviendra, répondent les Brésiliens à la question de rigueur sur les chances de leur équipe. Mais mardi prochain à Belo Horizonté face à l'Allemagne le Brésil sera privé de son capitaine Thiago Silva, suspendu, et de son meilleur joueur : Neymar. Lors des quarts de finale de folie remportés contre la Colombie, vendredi soir (2-1), l'attaquant vedette sort sur une civière se tordant de douleur. La sanction tombe : fracture à une vertèbre lombaire. Le joueur fétiche des Brésiliens est forfait pour les deux matchs restants en raison d'une blessure grave. Le joueur brésilien a subi un choc par l'arrière du Colombien Zuniga, en fin de match. Zuniga est déjà honni par tous les Brésiliens. Son geste antisportif passe en boucle sur les multiples chaînes de télévisons du pays. Déjà que l'équipe est diminuée, voici que la malchance y met du sien. Le Brésil version Scolari n'a pas l'étoffe des prédécesseurs. Mais ce Brésil vient d'éliminer coup sur coup le Chili et la Colombie, commentent les analystes brésiliens. Et il faudrait bien reconnaître que les deux sélections d'Amérique du Sud sont parmi les meilleures équipes dans ce Mondial-2014. Les Brésiliens refusent de gagner avec un «coup de pouce» de l'arbitre. Question d'honneur. Le football au Brésil est une quasi-religion. Lorsque la Séléçao joue le temps s'arrête. Les villes se vident. Et les Brésiliens sont rivés face à leur poste de télé vibrant à chaque action. Les matchs du Brésil sont une véritable fête à laquelle se prépare tout le monde. Le jour du match c'est quasi férié. Il faudrait vite faire ses emplettes et régler ses affaires administratives. À quelques heures du coup d'envoi il n'y en aura que pour le roi football. L'ombre de 1950 Les Brésiliens redoutent une réédition de 1950 lorsque l'Uruguay remporte la finale face à la Séléçao, à la grande surprise de tous. En ce temps lointain, les Brésiliens avaient déjà commencé les festivités avant le coup de sifflet annonçant le début du match. Mais l'issue de la rencontre fut un choc. Deuil national et traumatisme historique. Au Musée du football de Sao Paulo la tragédie n'a pas été oubliée. Lui a été consacrée une salle noire avec un grand écran montrant des images de l'époque, un peuple en pleurs et la tristesse générale, avec pour fond sonore d'angoissants battements de cœur. C'est dire si les Brésiliens cultivent toujours cette journée maudite du 16 juillet 1950. Les Brésiliens ne veulent pas revivre pareil déconvenue. Le peuple fêtard et convivial comme le sont les Sud-Américains n'attend qu'une seule chose, que Thiago Silva et les siens soulèvent le trophée en or le dimanche 13 juillet au mythique Maracaña. Le Brésil sera alors la seule nation à avoir gagné par trois fois le trophée de la Coupe du Monde de la Fifa, après l'avoir fait avec le trophée Jules Rimet. Mardi prochain face à l'Allemagne tout le peuple brésilien sera encore une fois derrière sa Séléçao. «On n'a pas une grande équipe, mais on joue sur nos terres!», répondent souvent les Brésiliens. Sans pouvoir cacher l'inquiétude qui se lit vite sur leurs visages. Ils soutiendront tous leur Séléçao. Jusqu'aux derniers instants. Pour les Brésiliens il ne fait aucun doute. Cette Coupe du Monde ne pourrait sortir du Brésil.Le pays entier retient son souffle. M. B.