Le système de santé dans notre pays est défaillant. Durant la période de grandes chaleurs, le problème prend des proportions encore plus alarmantes. Ce secteur souffre de plusieurs insuffisances. L'état désastreux de nos établissements de santé est connu des pouvoirs publics et pourtant rien ne change sur le terrain. La situation est encore plus désastreuse durant les périodes de grandes chaleurs. Absence de climatisation, des blocs opératoires sales, un matériel médical désuet, des lits de malades crasseux, un personnel médical inhospitalier et mal formé, des médicaments introuvables ou régulièrement en rupture de stock, des ambulances en panne, des cuisines répugnantes, des masques à oxygène fabriqués à la hâte par des jeunes médecins pour sauver la vie des patients, etc. Les mots manquent pour décrire toute la cruauté des décors dans lesquels sont plantés nos infrastructures de santé publique. Les anomalies et les dysfonctionnements relevés par les médecins et les patients au sein des hôpitaux sont connus de nos autorités. Ces dernières ont reconnu à maintes reprises les dangereuses insuffisances de notre système de soins. Dans ses trois derniers rapports, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh) a dressé également un tableau noir sur l'état des hôpitaux en Algérie. Des enquêtes menées à travers 85 établissements hospitaliers à travers plusieurs wilayas ont prouvé que l'accès aux soins est devenu très compliqué pour les Algériens. Le droit à la prise en charge sanitaire est ainsi bafoué par de graves carences caractérisant notre système de santé. Des carences qui ne devraient pas exister dans un pays aussi riche que l'Algérie. Déficit en médecins spécialistes et conditions lamentables de travail au niveau des hôpitaux, ces deux problématiques expliquent pour beaucoup l'état calamiteux de nos dispensaires. Aujourd'hui, l'urgence n'est pas seulement de revoir la gestion de nos hôpitaux. L'urgence est depuis longtemps de créer un nouveau système de santé. Lequel, guidé dans son redressement, pourrait enfin nouer, à terme, des relations telles, avec le citoyen, que ce dernier n'aurait, justement, plus rien à en redouter. Déjà pas très brillante en temps normal, la situation dans les hôpitaux algériens devient beaucoup plus alarmante en été. Les congés annuels s'ajoutent au manque de personnel spécialisé, de lits d'hôpital, de médicaments... sans parler de la «démission» des pouvoirs publics. Car nos responsables aussi partent en congé, laissant derrière eux les problèmes des citoyens. Durant l'été les hôpitaux fonctionnent au ralenti. Une situation qui n'est pas sans conséquences sur le fonctionnement des services, celui des urgences notamment. Les départs en congé durant la période estivale deviennent des pratiques courantes. Personnels et médecins partent en vacances et sont rarement remplacés. Ainsi, l'activité hospitalière programmée fonctionne lentement. La situation dans les hôpitaux montre à quel point le calvaire des malades est immense. Ils sont entassés dans des services où parfois les moyens les plus élémentaires font défaut. Dans cette période de grandes chaleurs certains hôpitaux ne sont même équipés de climatiseurs ou quand ces derniers existent ils ne fonctionnent pas. Les malades se retrouvent alors entassés parfois à deux dans le même lit faute de place et cela dans une chaleur de plomb. Une chaleur qui s'ajoute à leur souffrance. Les malades souffrent encore plus durant les périodes de canicule, sans qu'aucune mesure ne soit prise par les gestionnaires des établissements de santé pour remédier à cette situation et délivrer les patients de cette enfer vécu au quotidien. La chaleur et le manque d'hygiène dans les hôpitaux durant l'été augmentent les risques d'infections. Les hôpitaux ne sont pas sans danger. L'air, l'eau, l'alimentation contiennent des germes qui ne sont pas dangereux dans des conditions normales, mais qui peuvent provoquer des infections chez les patients. La lutte contre les infections hospitalières est un combat difficile, puisqu' il s'agit, avant tout, d'un problème de comportements. Le matériel de soins est également à l'origine de ces infections. Les surfaces sont recouvertes naturellement de nombreux microbes et peuvent aussi contaminer par les germes qui y sont présents. Le manque total d'hygiène dans certains hôpitaux n'arrange pas les choses. Jamais la santé des Algériens n'a été autant mise à mal comme elle l'est aujourd'hui. Les médecins n'arrivent plus à faire convenablement leur travail, car les conditions d'exercice de leur profession sont de plus en plus catastrophiques. Les hôpitaux existants sont saturés et les nouvelles infrastructures en construction accusent des retards énormes. A cela s'ajoute, la désorganisation du système de santé. Il est question aussi de la mauvaise formation des personnels médicaux. Ainsi, être admis dans un hôpital public en Algérie est synonyme de «cauchemar». «Plutôt crever que se faire soigner dans un hôpital public», disent la plupart des citoyens, sans pour autant remettre en cause la compétence de nos médecins. Le constat est alarmant. Au sein de nos hôpitaux, moustiques, mouches, cafards, rats cohabitent avec... les patients. Ce manque d'hygiène qui s'aggrave encore plus en période de grandes chaleurs est, malheureusement, à l'origine de plusieurs infections. D'ailleurs, il est devenu fréquent de voir un malade sortir de l'hôpital avec une infection qu'il n'avait pas à son admission. Les différents ministres qui ont été nommés à la tête du secteur ont pu constater, au cours de leurs visites, cette situation alarmante. Malgré ce constat, aucune mesure concrète n'a été prise pour que notre pays ait, enfin, des hôpitaux dignes de ce nom. Le ministre de la santé, M. Abdelmalek Boudiaf, a promis une révolution dans le système de santé. Enchainant les visites sur le terrain, il déplore un problème d'organisation et de gestion flagrant dans nos hôpitaux. Ainsi, l'amélioration de la performance et des résultats du système de santé algérien peut être possible seulement grâce à une gestion efficace des établissements de santé. A. K.