L'Algérie a toujours manifesté sa ferme volonté de participer pleinement au système commercial continental. Pour un pays comme l'Algérie qui œuvre à diversifier son économie, renforcer et approfondir l'intégration régionale, cela représente ainsi un moyen de mieux maîtriser son ouverture commerciale et d'en être un acteur principal. Pour l'Afrique, l'intégration régionale est une stratégie qui vise à réaliser une croissance et un développement économiques durables, réduire la pauvreté et participer pleinement à la mondialisation. Il importe de rappeler que l'intégration continentale était exprimée dans le Plan d'action de Lagos de 1980 et surtout dans le Traité d'Abuja de 1991. Ce texte, qui prévoyait la création d'une Communauté économique africaine (CEA) en vue de créer un marché et une monnaie uniques, afin de renforcer la compétitivité du continent, est entré en vigueur en 1994. Toutefois, en dépit des efforts consentis pour réaliser les objectifs visés, dans le cadre de ce projet d'intégration continentale, des problèmes et des lacunes demeurent toujours, selon de nombreux analystes. Les dirigeants des pays africains ont pris donc conscience de la nécessité de passer à la vitesse supérieure, malgré les problèmes et les lacunes qui demeurent toujours là. Selon les experts du Centre africain pour le commerce, l'intégration et le développement (Cacid), un certain nombre de pays africains, peu puissants économiquement, se heurtent à une vive concurrence sur les marchés mondiaux et manquent de poids dans les négociations internationales menées sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ou lors de la signature d'accords de partenariat économique (APE). Ainsi, pour se positionner sur ces marchés internationaux, il convient en premier lieu de renforcer les échanges commerciaux interafricains. Or, les échanges entre les pays africains demeurent toujours faibles. Ils sont estimés à 10 ou 12% des exportations totales du continent. Un taux bien faible par rapport aux échanges entre pays asiatiques, qui atteignent près de 52%, et ceux intra-européens qui avoisinent les 80%. En Amérique du Nord, ce taux est de 40%. La faiblesse des échanges interafricains est liée au manque d'infrastructures, ce qui entrave l'investissement, la production et la concurrence. Selon le dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD), «l'Afrique connaît un déficit estimé à 42 millions USD par an pour le développement des infrastructures». Les Etats membres de l'Union africaine doivent ainsi augmenter le financement public des infrastructures. Les pays africains doivent aussi développer des ressources énergétiques nouvelles et renouvelables et des réseaux de communications à hauts débits régionaux et continentaux, voire installer des câbles sous-marins afin de promouvoir l'économie numérique. Cependant, ces objectifs tracés ne peuvent se concrétiser sans un soutien avéré des institutions internationales comme la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, la Banque africaine de développement et la Banque mondiale (BM). Rien que pour les 10 prochaines années, le coût des besoins en infrastructures est estimé à 60 milliards de dollars, selon certains experts. Les schémas de libéralisation du commerce doivent ainsi s'accompagner de politiques visant à favoriser la libre circulation des intrants (main-d'œuvre, finances), la suppression des barrières non commerciales, et l'harmonisation de la position macroéconomique. En outre, étant donné que l'intégration privilégie les objectifs régionaux à long terme au détriment des objectifs nationaux à court terme, les autorités nationales doivent faire preuve d'une volonté politique réelle sinon, selon certains experts, elles risquent de compromettre gravement les efforts visant à approfondir l'intégration régionale. Aussi, le projet de construire un bloc économique africain est aujourd'hui embarrassé par une spirale de violence et des conflits armés mettant ainsi en cause la paix et sécurité en Afrique. Pour évaluer les efforts réalisés par les différents pays et les différentes régions en matière d'intégration, la Commission économique pour l'Afrique (CEA) de l'ONU prépare un nouvel indice permettant de mesurer les progrès réalisés par les pays africains en matière d'intégration économique régionale. B. A.