Quatre mois se sont déjà écoulés depuis cette tragique nuit d'août qui a vu la mort d'Albert Ebossé, talentueux et sympathique joueur de la JS Kabylie, le natif de Douala au Cameroun est parti à la fleur de l'âge, emporté, non pas d'une mort naturelle, comme cela pourrait se produire sur n'importe quel terrain de football de par le monde, mais d'une mort atroce, immonde, lynché par une ou des mains assassines un soir de reprise ordinaire du championnat professionnel, on jouait ce soir là, la deuxième journée de Ligue I, l'équipe locale recevant sa voisine algéroise de l'USM Alger, la rencontre venait de s'achever par la victoire de Soustara , et chacune des deux équipes regagna les vestiaires, non contente du résultat, une partie de la galerie kabyle voulait en découdre coûte que coûte avec son équipe jetant divers objets sur le terrain, les joueurs pressèrent le pas, évitant les projectiles qui s'abattirent au dessus de leurs têtes, tout en s'engouffrant à l'intérieur du tunnel, un tunnel meurtrier, car fatal pour l'un d'entre eux, ironie de l'histoire, Ebossé avait ce soir là, réduit le score pour son équipe, comme il fut l'artisan de la victoire de la JSK, à l'extérieur, lors de la première journée de championnat à Oran une semaine auparavant, après vingt jours de suspension de toutes les compétitions, le championnat d'Algérie reprit dans une atmosphère très lourde, entretemps la dépouille du prodige lion de Kabylie, comme on aimait ainsi l'appeler dans la région, regagna à jamais sa terre natale, celle des illustres et légendaires Lions Indomptables du Cameroun avec lesquels il ne chaussera jamais les crampons et dire qu'il était sur les tablettes du nouveau coach. Albert Ebossé est le 1er joueur dans l'histoire du football algérien à être tué dans un stade, il a payé de sa vie la bêtise humaine, il repose à jamais au cimetière de son village natal à Ndogsimb. Le championnat reprit donc ses droits, avec comme seule sanction connue à ce jour, l'astreinte faite à la JS Kabylie de jouer dorénavant ses matchs hors de ses bases, jusqu'à la fin de la saison dont six mois sans public, donc pas de suspension d'aucune sorte pour le club du Djurdjura, ni même de disqualification aux compétitions nationales, ou de défalcation de points, comme cela a été dit lors des jours qui suivirent la tragédie, seule décision courageuse émanant de la CAF qui a décidé de suspendre le club kabyle pour les deux prochaines années des compétitions africaines, pour ceux qui pensent que la décision de l'instance africaine est lourde, il faut rappeler que lors de la tragédie du Heysel qui fit 39 morts et plus de 600 blessés, Liverpool avait été lourdement sanctionné par l'UEFA par 6 années d'interdiction de coupe d'Europe. Que s'est il réellement passé ce soir là à Tizi Ouzou ? Pourquoi la commission d'enquête installée juste après l'agression n'a-t-elle toujours pas rendu ses conclusions, à part le fait que l'arme qui a servi à tuer Ebossé n'est autre qu'une ardoise tranchante, thèse réfutée dernièrement par l'avocat de la famille du joueur y a-t-il eu dysfonctionnement dans la chaîne de commandement concernant la sécurisation de l'infrastructure sportive vétuste, et comment se fait-il que la commission d'homologation chargée de donner le feu vert aux clubs professionnels concernant la bonne tenue des stades ait donné le fameux quitus aux dirigeants de la JSK ? Rebondissement et flou total... Alors que le tunnel menant aux vestiaires des équipes, n'était pas entièrement recouvert, tous les joueurs qui ont joué au stade du 1er-Novembre le diront, c'est un véritable coupe-gorge, pourquoi la sécurité n'a-t-elle pas été renforcée ce soir là, à cet endroit précis, donc à portée de n'importe quel énergumène... Un homme vient de mourir sur un terrain de football et voilà que nos officiels découvrent comme par miracle le hooliganisme, comme si la mort d'Albert Ebossé était la première victime, alors que voilà deux décennies que la bête immonde s'est ancrée dans la société, que chaque veille de match est appréhendé, autant par les services de sécurité que par les parents eux-mêmes, à quoi bon des séminaires et autres colloques sur la violence dans les stades quand le mal est passé et que des dizaines de supporters perdent la vie aux abords des stades alors que le professionnalisme dans notre pays existe depuis 5 années déjà, mais du côté de la prévention et de la gestion des supporters rien n'a été entreprit, les supporters véritable colonne vertébrale des clubs, sont livrés à leur sort, si la lutte contre le phénomène de la violence sur les stades est l'affaire de tous, il n'en demeure pas moins, que l'Etat à sa part de responsabilité, car la majorité des stades lui appartiennent et les méthodes dissuasives et préventives existent, mais n'ont pas été appliquées come le professionnalisme l'exige à commencer par la vidéosurveillance, un système infaillible et tout aussi efficace contre la gestion des mouvements de foules que de la surveillance des supporters les plus radicaux. Dans le prolongement de ces mesures pourquoi ne pas instituer un fichier national des plus Ultras d'entre eux, avec interdiction de stades pour les mineurs, sans oublier la formation des stadiers, cheville ouvrière dans la bonne gestion des foules autour et dans les gradins, avec la mise en place de portiques métalliques, tout en généralisant le système d'abonnement pour les supporters, des mesures simples qui nécessitent certes des moyens, mais qui atténuera sans nul doute ce phénomène dévastateur, il en va de la réputation de notre pays, appelé à recevoir dans quelques années la grande fête du football continental. Espérons que le nouveau stade de la ville des Genêts portera le non Albert Ebossé, en sa mémoire, afin que nul n'oublie cette tragique nuit d'août 2014... S. A.