La tension est montée d'un cran ces derniers jours dans le Nord-Mali où de nouvelles violences ont encore eu lieu, dans ce qui semblerait être une tentative de chaque partie d'influer sur l'issue des pourparlers d'Alger, dont la reprise est prévue pour début janvier 2015. D'après des sources diverses, ces violences opposent des groupes armés pro-Bamako aux principaux groupes politico-armés de la Coordination des mouvements de l'Azawad(indépendantistes). Des pillages et des vols ont eu lieu, selon les médias maliens qui citent des sources de la Mission locale de maintien de la paix de l'ONU (Minusma). Mais aucune information n'est disponible sur l'identité de ceux qui ont commis ces actes de vols et de pillage, laissant le champ libre à un échange d'accusations entre les groupes armés. Toutefois, ce qui est certain, c'est la prise de contrôle de la localité de Bamba, à 245 km au nord de Gao, par deux milices tribales, le Groupe d'auto-défense des touaregs de l'Imghad et alliés (pro-Bamako) et une branche dissidente du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA2). Ces deux milices ont réussi à chasser des membres du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla) qui a perdu beaucoup de terrain, sur le plan militaire, depuis octobre, face au Gatia, ce mouvement pro-malien créé en août dernier. D'autre part, le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA, anti-Bamako) a pris le contrôle de Taoudéni, à 600 km au nord de Tombouctou, une région qui recèlerait un important gisement de pétrole et où les travaux d'exploration du sous-sol sont toujours en cours. Selon la Minusma, citant des sources civiles, le MAA prélève une taxe sur les 700 ouvriers d'une mine de sel gemme dans cette région. «Les hommes du MAA font payer 10 000 francs CFA le mois, à chaque exploitant minier. Les camions de transport qui viennent charger le sel pour Tombouctou sont obligés de verser la somme de 20 000 francs CFA ainsi que 20 litres de gasoil à chaque livraison», a indiqué la même source au Sahelien.com, un site d'information en ligne. Des élus locaux ont confirmé ces informations. Outre ces tensions sécuritaires, le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, fait face à une opposition, de plus en plus grandissante, de nombreux acteurs politiques et civils maliens qui rejettent le document de base ou de préaccord, proposé par Alger lors du troisième round du dialogue d'Alger, à la mi-novembre. Le leader du mouvement politique Parena, Tiébilé Dramé, a exigé «une table-ronde» avant le retour des autorités de Bamako et des mouvements du Nord à Alger. L'objectif de cette rencontre est d'examiner, point par point, les propositions de la médiation algérienne, a affirmé M. Dramé, repris par Soir Bamako, un quotidien local. Plus radical, le mouvement politique Forces alternatives pour le renouveau et l'émergence (Fare), de l'ex-Premier ministre Modibo Sidibé, rejette dans le fond et dans la forme le document de préaccord d'Alger, le qualifiant de projet déstabilisateur pour le Mali. «Le parti Fare constate avec regret que le projet d'accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du dernier round des discussions d'Alger n'est que la forme structurée du premier document de synthèse issu des travaux de la deuxième phase des pourparlers», a rapporté La Nouvelle Patrie malien. C'est pourquoi, «Nous rejetons ce document qui nous décrit un Etat fédéral», a conclu l'ex-Premier ministre malien, Sidibé. L. M.