La crise qui touche le pays à cause de la chute du prix du baril ne manquera pas d'avoir des effets négatifs et de freiner la cadence imprimée ces derniers temps pour certaines réalisations, notamment celles entrant dans le cadre du quinquennat 2015-2019. Le gouvernement assure toutefois que ce qui concerne l'amélioration du niveau de vie des citoyens ne sera pas touché par le plan d'austérité. Mais qu'en sera-t-il du secteur de la santé dont la situation n'en finit pas d'exiger un redressement rapide tant elle est délabrée ? Celui-ci a inclus, juste dans son appellation, au début de ce siècle, la réforme hospitalière, sans que cela se concrétise par des changements en termes de gestion hospitalière, de rationalisation du budget et de qualité des soins. On n'pas cessé, tout au long de cette dernière décennie –depuis la prise de décision de réformer le domaine de la santé et particulièrement les hôpitaux– de mettre en avant l'intention des pouvoirs publics d'améliorer la santé, chaque ministre placé à la tête du secteur multiplie les sorties et les déclarations sans que cela se mue en actions concrètes. Il a été écrit, en 2006, que cette année-là allait être assurément celle de l'amorce décisive de tous les changements, que «le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière» comptait «lever toute hypothèque sur l'énorme effort financier consenti par l'Etat en lançant d'ores et déjà les pistes d'exploration d'un nouveau mode de gouvernance» qui doit mettre en œuvre «la rationalité et l'efficacité». Faute d'avoir engagé cette amorce par le ministère qui présidait aux destinées du secteur à cette époque-là et par ceux qui lui ont succédé, et pour ne pas être passé des bonnes intentions qui alimentaient les colonnes de la presse à des choses concrètes, on en est encore aujourd'hui à tâtonner et à chercher ce «nouveau mode de gouvernance», ce qui, bien évidemment, induit un énorme retard et un recul constant en termes de gestion hospitalière, d'accès aux soins et de qualité. Ce qui nous fait dire que l'on cherche toujours la voie qui mène à la bonne gouvernance lorsque l'on a déjà affirmé l'avoir trouvée, que l'on se perd encore en palabres quand il faut enfin mettre en œuvre cette réforme hospitalière ne cesse pas «d'arriver» depuis plus d'une décennie. Il est donc clair que le secteur de la santé ne doit aucunement souffrir des retombées de la crise à travers l'application du plan d'urgence. Il faut plutôt s'attaquer au gaspillage et à la mauvaise gestion du budget au sein des hôpitaux, la rationalisation et l'efficacité passant avant tout par l'optimisation des dépenses. Inclure la santé dans le plan (d'austérité ou d'urgence) signifierait que l'on remettrait complètement en question le projet de réalisation de 5 nouveaux CHU (centres hospitalo-universitaires) alors que les infrastructures existantes sont arrivées à saturation et qu'elles ne sont plus en mesure de répondre aux besoins des citoyens s'y rendant de toutes les régions du pays. Cela signifierait également que le programme de réalisation de 20 centres anti-cancer serait stoppé alors que ces derniers sont très attendus pour alléger les souffrances des personnes atteintes d'un cancer. Le plan d'urgence, s'il venait à inclure le domaine de la santé, accentuerait les pénuries de médicaments et risquerait de mettre en danger des vies humaines, déjà que l'on ne cesse de signaler l'indisponibilité de 170 médicaments essentiels. Là aussi, comme ce qui devrait être le cas pour les infrastructures hospitalières, la rationalisation et l'optimisation des dépenses devraient être de rigueur, les pouvoirs publics doivent assainir le domaine de l'importation des médicaments et mettre fin au cafouillage qui renforce de plus en plus le lobby des importateurs privés. C'est dire que tout reste à faire dans le domaine de la santé et que la vie des citoyens en dépend forcément. R. M.