Dans le cadre de la préparation du 3e colloque international sur cheikh Fodil El Ouartilani, dimanche, les organisateurs ont tenu leur première réunion à Sétif, où les autorités entendent donner un éclat particulier à cet hommage au penseur et militant anticolonialiste. Le directeur de la culture de la wilaya de Sétif, Zitouni Aribi, a déclaré à l'APS, au sortir de cette réunion, que le colloque de trois jours qui se déroulera, cette année, à la Maison de la culture Houari-Boumediene à partir du 14 avril prochain, réunira des universitaires et des chercheurs de plusieurs pays arabes et musulmans. Il a rappelé que cheikh El Ouartilani, penseur et militant anticolonialiste, homme de culture qui fut également membre de l'Association des oulémas musulmans algériens (Aoma), avait plaidé la cause de l'Algérie en lutte dans de nombreuses capitales du monde. La première réunion de la commission de préparation du colloque a regroupé, entre autres, des représentants des secteurs des Affaires religieuses, des Moudjahidine, du Musée du moudjahid, des scouts musulmans algériens (SMA), ainsi que des élus de la commune de Beni Ourtilane. Le responsable de la section locale de l'Aoma, Ahmed Drif, et le Dr Leïla Benaziz, historienne, ont également assisté aux travaux de la Commission aux côtés de plusieurs chercheurs dont Zoubir-Khatir Douibi, spécialisé dans le patrimoine. Les questions liées à l'organisation du colloque, la distribution des tâches, la collecte de photographies et de documents d'époque, la finalisation de la liste des invités, notamment étrangers, ont été passées en revue au cours de la séance de travail, a confié le directeur de la culture. Des personnalités seront honorées au troisième jour du colloque international, prévu le 16 avril prochain qui voit l'Algérie célébrer, chaque année, Youm El Ilm (la journée du savoir), a fait savoir le même responsable Fodil El Ouartilani était un penseur et militant anticolonialiste, brillant orateur et homme de culture, il a été membre de l'Association des oulémas algériens et a joué un rôle central dans la révolution yéménite de 1948. Né le 18 février 1906 en Kabylie à Aït Ourtilane, Fodil El Ouartilani est issu d'une famille aisée, de tradition lettrée. Il fait ses études à l'école franco-musulmane et dans les institutions religieuses fondées par les oulémas de sa ville natale. Il s'inscrit à l'Université Zitouna de Tunis et fait partie de l'entourage du cheikh Abdelhamid Benbadis fondateur de l'Association des oulémas musulmans algériens, qu'il prend pour maître. Vers 1934, l'association le désigne pour encadrer les expatriés algériens en France en les sensibilisant à l'idée nationale algérienne et aux idéaux du réformisme musulman (Nahda) d'Afghani, Mohamed Abduh et Rachid Ridha. Son activité le rend très vite suspect aux yeux des autorités françaises. Se sentant menacé, il se réfugie clandestinement en Suisse, passe en Allemagne, se rend en Italie, s'enfuit en Grèce pour arriver enfin à Port-Saïd en Egypte, à la veille de la Seconde guerre mondiale. Mais c'est à Aden, au Yémen, qu'il s'illustre en s'alliant à plusieurs penseurs, dont l'imam Yahya Muhammad Hamid Eddine, mais après la mort de ce dernier, il est devenu persona non grata. La police égyptienne et les autorités libanaises lui interdisent de débarquer sur leur territoire. Pendant plusieurs mois, il sillonne les mers avec l'équipage d'Al-Zamâlek en adressant des dizaines de messages à tous ses amis, parmi lesquels se trouvent de hauts responsables en Egypte et au Liban, ainsi que les nationalistes nord-africains du Caire. C'est grâce à la complaisance de Riad El Solh, chef du gouvernement libanais, et l'intervention de hautes personnalités arabes, qu'El Ouartilani arrive finalement à se réfugier à Beyrouth en juin 1948. Le penseur soutient la lutte armée dès son déclenchement le 1er novembre 1954, en déclarant son adhésion à la déclaration du FLN et se voue corps et âme à cette lutte. A partir de son exil libanais, il multiplie conférences, articles et interviews, au Liban comme en Syrie en faveur de la cause algérienne. Il meurt le 12 mars 1959 dans la solitude dans un hôtel à Istanbul. Sa dépouille repose, depuis le 12 mars 1987, au cimetière des martyrs de Aït Ourtilane. A travers les séminaires et colloque organisés par la maison de la culture de Sétif, ses pensées sont de plus en plus connues, toutefois ses ouvrages ne sont pas encore disponibles faute de réédition, un des aspects auquel s'attelleront les organisateurs pour le rendre accessible aux lecteurs. S. B./APS