Une fausse rumeur propagée par le prince héritier Ahmad bin Yahya, annonce la mort de l'imam. Les conspirateurs se montrent au grand jour et sont obligés de presser le coup d'Etat. Le 17 février 1948, l'imam Yahya est assassiné et le nouveau régime constitutionnel proclamé. Conformément au Pacte sacré, prématurément annoncé, le nouvel imam, le nouveau gouvernement et les nouveaux hauts fonctionnaires entrent en fonction. Fodil El Ouartilani est nommé « Conseiller général de l'Etat yéménite ». Le prince héritier parvient à soulever les tribus contre la jeune république et reprend bientôt la capitale devant des pays arabes hiératiques. Fodil doit assurément quitter le Yémen après l'échec du mouvement dont il a été l'instigateur. Il embarque sur le Zamâlek, mais à sa grande surprise il apprend qu'il est « persona non grata » partout où il va : les Britanniques à Aden, la police égyptienne et les autorités libanaises lui interdisent de débarquer sur leur territoire. Pendant plusieurs mois, il sillonne les mers avec l'équipage du Zamâlek en adressant des dizaines de messages à tous ses amis, parmi lesquels se trouvent de hauts responsables en Egypte et au Liban, ainsi que les nationalistes nord-africains du Caire (Allal El Fassi, Habib Bourguiba, Abdelkrim al-Khattabi entre autres). Enfin, avec la complaisance de Riad el Solh, chef du gouvernement libanais, et l'intervention de hautes personnalités arabes, El Ouartilani arrive finalement à se réfugier à Beyrouth en juin 1948. La lutte armée éclate en Algérie le 1er novembre 1954 et Fodil déclare son adhésion à la déclaration du FLN et se voue corps et âme à cette lutte, à partir de son exil libanais. Il multiplie conférences, articles et interviews, au Liban comme en Syrie en faveur de la cause algérienne. De fait, El Ouartilani fait partie d'une génération de militants arabes qui ont voué leur vie à la cause de la libération nationale et à la renaissance d'une umma dont la grandeur passée n'avait d'égales que sa décrépitude et son humiliation présentes. Les uns sont bien connus tels Afghani, Kawakibi, Chakib Arslan, et d'autres le sont moins comme le Palestinien M. Ali-Tahir, et le Tunisien Abdel-Aziz Tha‘alibi. Leur champ d'action ne se limitait pas à la patrie qui les a vus naître, mais couvrait tous les terrains où le hasard et les nécessités du combat les appelaient. Et rien n'est plus significatif que l'itinéraire de cet Algérien, d'origine kabyle, se déplaçant entre la France, quelques pays d'Europe, l'Egypte, le Yémen, le Liban et enfin la Turquie où il mourut le 12 mars 1959 dans la solitude d'un hôtel à Istanbul Sa dépouille repose, depuis le 12 mars 1987, au cimetière des martyrs de Ait Ouartilane, en Kabylie.