On entend partout que le foot en Afrique a fichtrement évolué. Dans les commentaires de la télévision occidentale, européenne, française surtout. Il lui est incontestablement reconnu sa qualité de jeu, la technique des praticiens africains. Leur discipline dans l'évolution du match, leur maîtrise du schéma tactique et son respect à la lettre – un peu trop par les Algériens qui ne se sont pas retrouvés individuellement dans les diverses stratégies de leur coach, qui, selon les experts en la matière, avait fait la faute de Maradona au cours d'une phase finale de Coupe du Monde, en comptant exclusivement sur une et unique pièce. Lionel Messi, en l'occurrence, pour le champion du monde argentin de la campagne du Mexique et Brahimi pour le Français, qui inaugure avec l'Algérie son rôle de coach d'une sélection nationale. Les joueurs, les meilleurs, sur lesquels se dirigent les éloges, font partie des sélections d'office favorites, sans qui une CAN n'a pas beaucoup d'attrait, à savoir une dizaine de pays -Algérie, Côte d'Ivoire, Ghana, Cameroun, Nigéria, Egypte, Tunisie, Maroc et accessoirement, le Sénégal et le Mali- et qui jouent pour la plupart dans les clubs plus ou moins réputés d'Europe. Leur participation dans les joutes est d'autant importante pour les nations respectives que pour les clubs qui les emploient. Dans l'un comme dans l'autre cas, le beau spectacle et le fair-play sont fort conseillés pour faire un honorable parallèle avec les grandes joutes européennes, voire mondiales. Au moment où le Maroc concoctait sa démission pour cette édition, la vingtième en date, les plus avertis des spécialistes du football africain ne prenaient pas pour argent comptant les explications épidémiologiques émises par les responsables de la Fédération royale du Maroc. Pour les uns, il s'agissait d'un acte de repli par rapport aux divers calibres des challengers, beaucoup plus étoffés que la sélection du pays organisateur. Capables de la ridiculiser at home, dans une situation économique et sociale qui ne peut pas se permettre un affront national supplémentaire, surtout s'il est administré par le voisin pétrolier qui a fait trembler le champion du monde en titre lors de la dernière Coupe du Monde. Pour les autres, les plus radicaux, qui ne mâchent pas leurs mots et qui avancent que la déconfiture soudaine de la Fédération royale marocaine de football était motivée par l'intention pure et simple de quitter la Confédération africaine de football. Espérant ainsi de «terribles» sanctions, que les autorités sportives royales useront comme un casus belli afin de prendre les décisions en rapport – d'aucuns supposent, aujourd'hui, que la réponse marocaine, entre autres d'aller au TAS comme convenu lorsqu'il s'agissait pour la CAF de décider de grandes sanctions, est de réagir dans le spectaculaire, pour rester dans le comportement habituel concernant les affinités de Rabat avec le bien-fondé de l'Union africaine, et donc de claquer la porte de la Confédération du football. Et comme par hasard donc c'est un pays pétrolier (très nouvellement), la Guinée Equatoriale, qui va proposer ses services, pour palier l'abandon chérifien. Un tout petit pays, de quelque 28 000 km2 avec moins de 700 000 habitants, comparé à son voisin de l'Est, la Guinée de Conakry de plus de 246 000 km2 et peuplée de 12 millions d'âmes. Même pas aussi connu que le second voisin de Bissau, un peu plus grand et plus peuplé, réputé pour sa bravoure dans les années soixante et soixante-dix en s'engageant, avec le Cap-Vert, par les armes, contre le colon lusitanien. Pour la gloire du sport panafricain La Guinée de Malabo avant la découverte du pétrole vivait de la culture du cacao, du café et du bois. Exploitations remises à leur plus simple expression – sauf pour l'activité sylvestre qui continue avec le risque écologique de détruire la quasi-totalité des forêts d'okoumé, exploitation qui représente quand même plus de 12% du PIB équato-guinéen qui dépasse du double celui du grand voisin de Conakry. Pour rappel à la désignation de la Guinée Equatoriale comme pays organisateur, la sélection s'est retrouvée sans coach après qu'elle ait échoué aux qualifications. L'entraîneur espagnol Andoni Goïkoexea avait terminé son contrat en 2014 et deux semaines avant l'entrée en matière du tournoi, la sélection était sans sélectionneur. La fédération équato-guinéenne a décidé pour l'entraîneur argentin, Estéban Becker, qui dreave l'Albicéleste féminine. Et dont il exige des autorités organisatrices de rester à sa tête. Cette incongruité a été aussi enregistrée dans la contrainte de l'urgence où il fallait faire avec tous les impondérables possibles et imaginables. Même les dispositions gratifiantes de l'arbitre dans le match contre la pauvre Tunisie, ont eu leur part de pardon eu égard à l'héroïsme de ce tout petit pays de la talle démographique d'une petite wilaya algérienne. «Qu'en serait-il advenu de la 20e CAN sans lui», comparé à une élimination forcée d'une grande nation footballistique, championne d'Afrique de surcroît. La Confédération africaine le fait écoper de six mois de suspension, un congé mérité -bien rémunéré diraient de mauvaises langues aux aguets des moindres incartades- dans les deux sens du terme, où la logique dans les affaires africaines du sport local obéit le plus souvent à une espèce de mathématique de conjoncture et de conjecture : tous les joueurs sur la pelouse qui font du spectacle évoluent pour la plupart hors de leur pays. Et dans leur majorité dans les clubs européens. Qui n'apprécient les résultats dans les phases du tournoi, les profils techniques et esthétiques, que dans la mesure où cela rapporte dans la valeur mercantile des auteurs des prestations. On s'est en tout cas félicité de la relative bonne organisation de cette «épreuve», à quelques bottes de l'issue de la finale, jusqu'à ce revirement déroutant durant la seconde demi-finale, opposant le pays organisateur au Ghana, quatre fois champion dans cette compétition. Les jets d'objets sur la pelouse, les échauffourées dans les gradins, l'intrusion de l'hélicoptère pour mettre de l'ordre, l'interruption du cours du jeu, surtout la tension dans les commentaires des téléspectateurs, ont fait basculer les choses vers ce qui ne doit plus exister dans les manifestations de cette envergure. Et là aussi les spécialistes ont expliqué le temps menu exploité par les organisateurs, dans les délais duquel il était impossible de pouvoir tout prévenir. Tandis que les plus extrémistes, qui ne pardonnent aucun chantier d'informations, disent qu'il s'agit d'un complot orchestré par les opposants au régime du président équato-guinéen, qui aurait fait de ce bout de pays une propriété familiale. Dans laquelle les richesses depuis les recettes pétrolières ne servent pas la population, qui reste dans sa grosse composante, très loin du progrès, par rapport aux fractions proches de la famille présidentielle. Mais alors, que cette «aventure» de saisir par les cornes l'organisation de cette 20e CAN serait en quelque sorte à inscrire sur la table du mérite, pour la «gloire» et le «prestige» panafricain. N. B.