Plus que jamais, l'Algérie est inondée de drogues provenant essentiellement du Maroc voisin. Mais pas seulement. S'il est vrai que le pays, comme l'a déclaré il y a quelques mois le directeur général des Douanes, «est passé d'un pays de transit du cannabis à celui de consommateur», il est confirmé aujourd'hui que plusieurs types de drogues dures sont introduits en Algérie par des réseaux de trafic en provenance notamment des pays d'Afrique de l'est et de l'ouest. C'est ce qu'a indiqué, hier, le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onlcdt), Mohamed Abdou Benhalla. «Outre le cannabis en provenance notamment du Maroc, l'Algérie connaît aussi l'introduction de drogues dures comme la cocaïne, l'héroïne, le crack et les nouvelles substances psycho-actives (NSP)», a expliqué ce responsable à l'APS en marge d'un séminaire euro-méditerranéen sur le traitement de substitution aux opiacés et la réduction de ses risques. Il a précisé que la cocaïne écoulée en Algérie provient essentiellement d'Afrique de l'ouest qui la reçoit d'Amérique latine. Quant à l'héroïne, elle arrive en Algérie en provenance de l'Afrique de l'est et d'autres pays comme l'Afghanistan, le Pakistan et l'Iran. Selon M. Benhalla, actuellement, ce sont de petites quantités qui pénètrent au pays «le temps que le réseau de trafic s'organise et que le marché soit créé. Après, ces quantités se feront de plus en plus importantes». Tout en lançant cet avertissement, le directeur général de l'Onlcdt a rappelé que deux saisies, comprenant respectivement 150 kg et 80 kg de cocaïne, ont été effectuées au cours de ces dernières années dans le pays. Il a estimé que «l'Algérie, où les toxicomanes consomment notamment du cannabis et des psychotropes, ne pouvait pas continuer, dans un contexte de globalisation, à être épargnée, par le trafic de drogues dures comme l'héroïne et la cocaïne. Les saisies de drogues dures notamment au niveau des aéroports algériens, indiquent que des trafiquants font transiter ces substances via l'Algérie en direction d'autres pays comme ceux d'Europe». Concernant le trafic de cannabis, M. Benhalla a indiqué que l'Algérie constitue un «espace de transit» par lequel passe le cannabis provenant du Maroc pour atteindre des pays d'Europe, la Tunisie, la Libye et l'Egypte. Depuis quelques années, une «bonne quantité» de cette drogue est consommée en Algérie en raison notamment du contrôle sévère des voies maritimes menant à l'Europe, a-t-il fait savoir. Sur sa lecture de l'ampleur des saisies de drogues effectuées au niveau notamment des frontières ouest du pays, M. Benhalla a estimé que cela signifiait que l'Algérie fait l'objet d'un «intérêt particulier» de la part des narcotrafiquants. M. Benhalla n'a pas manqué, par ailleurs, de revenir sur l'étroite relation entre trafic de drogue et terrorisme. Il a précisé à ce sujet qu'«il est clair que le trafic de drogue porte atteinte à la sécurité globale en finançant différent types de criminalité, dont le terrorisme». Le premier responsable de l'Onlcdt a, par ailleurs, indiqué que l'absence d'indicateurs ne permettait pas d'estimer ou d'évaluer les quantités de drogues consommées en Algérie où celles qui y transitent. Pour l'obtention de chiffres fiables il est impératif, a-t-il dit, d'étudier l'ensemble des affaires transmises à la justice, précisant que les seules données que l'office possédait étaient celles relatives au nombre de personnes traitées par les centres publics de désintoxication. Il a indiqué dans ce sens, que près de 19 000 personnes ont été prises en charge au niveau de ces centres, relevant du ministère de la Santé, durant l'année 2014. S'agissant enfin des activités de l'office, M. Benhalla a indiqué que la mission première de cet organisme était l'élaboration d'une politique nationale de lutte contre la drogue et la toxicomanie, affirmant qu'il disposait des moyens humains et financiers nécessaires pour mener à bien cette mission. H. Y./APS