Un tribunal libyen a condamné à mort Seif al-Islam Kadhafi, le fils de Mouammar Kadhafi ainsi que huit personnalités proches de l'ancien régime, dans un procès éclipsé par la situation de ce pays rythmée par les violences et les divisions politiques. Le tribunal siégeant à Tripoli, ville contrôlée par une coalition de milices, a ainsi condamné à mort le dernier Premier ministre sous Kadhafi, Baghdadi al-Mahmoudi, et son ex-chef des services de renseignements, Abdallah Senoussi. Les prévenus, au nombre de 37, ont été jugés pour leur rôle durant la révolte contre l'ancien régime en 2011. Seif al-Islam Kadhafi, considéré comme le successeur potentiel de son père était absent à l'audience n'étant pas aux mains des autorités siégeant à Tripoli. Depuis son arrestation en novembre 2011, ce prisonnier de luxe est resté détenu à Zenten, au sud-ouest de Tripoli, par des milices opposées aux autorités de Tripoli. Ce qui soulève des interrogations sur la suite qui sera faite à cette condamnation. La capitale libyenne Tripoli est aujourd'hui contrôlée par une coalition de milices dite Fajr Libya, qui y a établi un gouvernement et un Parlement toujours sujets à controverses. Plus de trois ans après la chute du régime Kadhafi, la Libye baigne dans un chaos indescriptible, loin des promesses des Occidentaux et de l'Otan sur un «avenir démocratique et de stabilité». Politiquement le pays est de fait scindé en deux entités distinctes avec des perspectives d'entente toujours difficiles. Pendant le procès qui s'était ouvert dans la capitale libyenne en avril 2014, Seif al-Islam a comparu par vidéoconférence depuis Zenten. La majorité des autres accusés est détenue à Tripoli, mais huit d'entre eux sont emprisonnés à Misrata, à l'est de Tripoli, où les autorités sont inféodées à Fajr Libya. Les accusations portées contre ces personnes sont : «assassinats, pillages et sabotages, actes portant atteinte à l'union nationale, complicité dans l'incitation au viol et recrutement de mercenaires africains». Le procès a été critiqué par les défenseurs des droits de l'Homme à cause des conditions et des restrictions d'accès de la défense. Il subsiste toujours un différend avec la Cour pénale internationale (CPI) au sujet de la compétence à juger ces personnalités politiques de l'ancien régime. Seif al-Islam Kadhafi et Abdallah Senoussi font toujours l'objet de mandats d'arrêt de la CPI pour «crimes de guerre» présumés. En mai 2014, la CPI, qui a réclamé à maintes reprises l'extradition de Seif al-Islam, avait débouté les autorités libyennes de leur demande de le juger devant les tribunaux libyens. Raisons invoquées : doutes sur la capacité de Tripoli à lui garantir un procès juste et équitable. La CPI avait toutefois donné son feu vert pour juger Senoussi. Le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a déploré ces condamnations dénonçant l'absence de procès conforme à la légalité. M. B./Agences