Des enseignants avec des pancartes portant le nom de leurs établissements respectifs, accompagnés de dizaines d'enfants chacun. C'est sans doute l'image la plus forte de ce 20e Salon international du livre d'Alger (Sila-2015). C'est même une première. Et si le livre retrouvait sa place dans les cœurs des petits chérubins ! L'image peut paraître insolite, ou inhabituelle, des écoliers en sortie pédagogique, avec comme guides leurs enseignants, qui, il faut le dire, n'arrivent pas toujours à canaliser l'attention de leurs élèves. Les enfants courent au gré de leurs envies dans les rayonnages de certaines maisons d'édition riches en littérature enfantine. Voir des enfants papillonner d'un stand à l'autre n'est en rien surprenant pour les visiteurs du Sila, mais en «sortie pédagogique», ça a fait réagir tous les visiteurs qui se retournaient sur ces petits pèlerins de la grand-messe du livre. Rencontrés au détour d'un stand, Ayman et Celia, âgés tous les deux de 8 ans, inscrits dans une école de la banlieue d'Alger, déclarent être ravis de partager ce moment avec leurs camardes de classe. Le même enthousiasme est exprimé par leur enseignante. «Aujourd'hui, c'est un jour de vacances pour les élèves. Les enfants oublient l'école durant cette période, aussi courte soit elle. Les avoir ici au Sila me permettra à moi en tant qu'enseignante de travailler sur des supports parascolaires utiles, puisque je les aurais choisis. D'ailleurs, je fais le tour des maisons d'édition pour voir où je peux négocier les meilleurs prix», dira-t-elle. Pour elle, avoir un support homogénéisé est important. Déjà, d'une part, ça évite la «mauvaise concurrence entres élèves. De plus, ces produits peuvent être complémentaires avec le programme scolaire», explique-t-elle. Un autre enseignant estime que le succès de la démarche est dans la durée. «C'est vrai que c'est la première fois que je fais cela avec mes élèves. D'habitude, je viens avec ma propre famille, mais avec mes élèves ça prend un autre sens, pour eux. Souvent, les enfants sont obligés d'aller dans les rayonnages que leurs parents ont choisis, mais là on est dans des stands qui les intéressent. C'est plus ludique et moins frustrant pour les enfants», indique le pédagogue. «Le Salon offre aujourd'hui un véritable espace aux enfants, entres les rayonnages et les jeux sur l'esplanade, il rend la sortie vraiment attractive», ajoutera-t-il. Intéressé par la discussion que nous avons avec son enseignant, un élève s'approche de nous pour nous dire qu'au début la venue au Salon l'avait un peu contrarié. «Je comptais aller jouer au foot avec mes copains du quartier, mais maintenant je ne regrette pas d'être ici et d'acheter des cahiers de coloriage avec mes héros préférés», nous confie le petit écolier. Notons que le Sila a organisé une journée d'étude avec comme thème principal «Rencontre entre l'école et le livre, graine de lecteurs». Cette initiative s'inscrit dans le cadre du partenariat entre les ministères de l'Education nationale et de la Culture. Lors de l'inauguration du Sila, la ministre de l'Education, Noria Benghebrit, avait déclaré qu'il fallait que l'école «soit imprégnée de culture pour socialiser» cette dernière, ajoutant que son ministère s'engage à fournir tous les efforts pour «sensibiliser les enfants au patrimoine national et mondial». T. M.