La saison estivale pointe du nez et les préparatifs vont bon train pour réunir les conditions de sa réussite. Et l'essentiel de l'action dans ce sens concerne l'animation culturelle dont bénéficieront principalement les localités côtières et un certain nombre de grands centres urbains. C'est exactement le cas dans la wilaya de Tizi Ouzou où des villes comme Azzeffoun et Tigzirt qui accueillent annuellement un nombre important d'estivants, sont rythmées par des soirées artistiques et culturelles diverses. D'ailleurs, le wali a présidé la semaine dernière un conseil de l'exécutif consacré essentiellement aux préparatifs de la saison estivale. Lors de cette rencontre, il a insisté sur la programmation des activités culturelles et artistiques près des plages. La saison estivale coïncidant cette année encore avec le mois de Ramadhan, l'animation culturelle sera plus intense, particulièrement au niveau de la maison de la culture Mouloud-Mammeri et du théâtre régional Kateb-Yacine de la ville des Genêts. Elle sera aussi intense sur le littoral vu l'affluence nombreuse des estivants, ainsi qu'au niveau de certains centres urbains disposant d'infrastructures convenables, comme Azazga et son centre culturel, appelé Annexe de la maison de la culture Mouloud-Mammeri. Mais, les coins les plus reculés de la wilaya ne sont pas concernés par l'activité culturelle et artistique, comme dans les villages et les douars reculés de toutes les wilayas du pays. L'oisiveté est effectivement le quotidien des villageois de la wilaya, particulièrement ceux qui n'ont pas les moyens de quitter leurs montagnes pour la fraîcheur des plages et l'animation culturelle qui y est programmée. Ces oubliés des pouvoirs publics et de la programmation culturelle et artistique souffrent tout au long de l'été de l'ennui et de l'absence d'activités qui les divertissent un tant soit peu. Le mouvement associatif quand il existe dans ces contrées enclavées et éloignées, n'a pas les moyens d'organiser quoi que ce soit au profit des villageois, notamment les enfants qui sortent d'une année scolaire harassante. Il faut dire que dans la wilaya de Tizi Ouzou, même les chefs-lieux de communes et de daïras ne connaissent pas d'activités culturelles, sauf dans le cas où les organisateurs de manifestations d'envergure au chef-lieu de wilaya, décident d'y délocaliser certaines activités, comme à l'occasion du festival culturel arabo-africain de danse folklorique. Malheureusement, les animateurs et les associations culturels qui pullulaient dans les villages de la wilaya au début des années quatre-vingt-dix, ont quasiment disparu du paysage villageois. Aujourd'hui, les associations culturelles présentes dans les villages sont rares. Elles n'ont pas les moyens d'activer, vu la politique des subventions de l'Etat qui émiettent la cagnotte réservée au mouvement associatif, sanctionnant par là-même les associations ambitieuses et celles qui produisent des activités de qualité, mises sur la même enseigne que celles qui persistent dans la médiocrité. Cependant, il existe quelques associations qui n'attendent pas l'aide de l'Etat pour activer, leurs animateurs comptant plus sur l'implication et la mobilisation des villageois que sur un soutien étatique qui ne viendra probablement pas. L'exemple des associations de la localité d'At Yanni n'est plus à présenter, tant elles animent les villages de cette colline oubliée, avec notamment un engagement certain des villageois. Mais le meilleur exemple de l'autosuffisance reste celui du festival des Raconte-arts organisé par la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques (LADC) de la wilaya de Tizi Ouzou. Une manifestation internationale itinérante accueillie annuellement par l'un des villages de la région de Kabylie et qui ne coûte pas des milliards, puisque les villageois qui l'accueillent s'impliquent en masse dans son organisation, particulièrement au chapitre de l'hébergement et de la restauration pris en charge entièrement par les familles du village. Cela peut être pris comme un modèle par les animateurs associatifs et culturels intéressés par l'organisation de manifestations culturelles dans les villages, sans attendre le soutien des institutions de l'Etat, particulièrement en ces temps de vaches maigres. Il suffit de mobiliser les habitants des villages pour que l'été cesse d'être synonyme d'oisiveté et d'ennui pour les enfants, les jeunes et les moins jeunes. M. B.