Toutes les wilayas d'Algérie recèlent de précieux trésors culturels (villes anciennes, manuscrits de grande valeur, sites historiques, chants et danses folkloriques, artisanats, savoirs et métiers séculaires, rites, tissu associatif et mouvement artistique dynamiques et volontaires ...) qui demeurent méconnus pour le grand public. Beaucoup de directeurs de la culture, eux-mêmes, ignorent ces joyaux de la culture locale. Vivant en autarcie quasi-complète, ils se contentent généralement d'une gestion médiocre des subventions et autres subsides de l'Etat. La répartition tendancieuse et injustifiée de ces aides publiques crée très souvent beaucoup de mécontentements et de frustrations. Cette façon de faire est vécue comme du mépris par les artistes authentiques et les acteurs culturels véritables. Pour relancer réellement le secteur sur de bonnes bases, on doit opérer une évolution conséquente des mentalités à même de révolutionner le fonctionnement de ces institutions. Professionnalisme, formation adéquate aux emplois et métiers culturels, démarche managériale à tous les échelons, protection des arts et des artistes, ouverture totale sur l'extérieur, transparence dans la consommation des budgets, voilà, par exemple, des approches qui pourraient conforter le crédit de l'administration culturelle auprès du grand public, de manière générale, et parmi les entrepreneurs et les sponsors, en particulier. La politique culturelle au niveau des collectivités locales est quasiment inexistante. Rien. A l'échelle de la wilaya, le directeur de la culture adopte généralement la posture du bureaucrate discipliné qui attend tout du ministère de tutelle : l'argent et les directives. Très souvent, la nomination à ce poste, considéré comme honorifique, n'obéit à aucun critère professionnel. C'est une espèce de planque sûre où, sans rendre le moindre compte, on est logé, nourri et blanchi aux frais de la république. Au niveau de la commune, l'action culturelle se résume partout à quelques manifestations improvisées pour célébrer des fêtes nationales, des rites religieux ou mettre un peu d'animation à l'occasion du ramadhan. Nos communes, y compris dans les grandes villes, n'ont aucune vision culturelle ni stratégie d'animation. L'administration culturelle est occupée par des bureaucrates qui n'ont aucune formation spécifique dans les métiers de la culture. Crise économique oblige, le département de la culture ne cesse d'inciter les directeurs de wilaya à se démener à leur niveau pour nouer des partenariats et trouver les fonds nécessaires au financement des activités culturelles. Les APC doivent aussi faire de même. A-t-on sur place les compétences requises pour relever ce défi ? Y a-t-il des traditions de mécénat et de sponsoring ? Le responsable local de la culture et le chef de l'établissement culturel sont-ils formés pour assumer correctement leurs rôles respectifs ? La réponse à toutes ces questions est très souvent négative. La gestion culturelle exige beaucoup de savoir et de talent. En plus de la formation scientifique (comptabilité, législation,…), le manager culturel doit notamment être un fin stratège qui communique bien et s'entoure de compétences pour élaborer et exécuter ses plans. Le responsable local de la culture est en principe capable de mettre en place une stratégie de partenariat et de financement. Il doit notamment avoir des connaissances suffisantes sur l'économie de la culture, maîtriser les bonnes ficelles de la recherche de financements privés, être à l'écoute des artistes et des professionnels, ouvrir le dialogue, lancer des initiatives, proposer des concepts. Bref, forcer le respect. Il est vrai que nos responsables ne sont pas suffisamment outillés pour réussir un tel challenge. La tutelle doit vraiment réfléchir à la professionnalisation des emplois culturels. Chaque poste, du standardiste au directeur artistique, doit justifier d'une connaissance et d'une formation pointues dans son domaine. Il va de même pour l'administrateur, le secrétaire, le chargé de production, de diffusion, de communication, des relations publiques… L'administration culturelle ne doit plus être cette «planque dorée» où on se la coule douce. Au début de l'année en cours, le ministre de la culture avait procédé à un vaste mouvement dans le corps des directeurs de wilaya afin, disait-on, de dynamiser le secteur au niveau local et dans la proximité. Les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. Il ne s'agit pas de remplacer une personne par une autre. C'est plutôt une question de mentalité qu'il faut absolument changer. On doit comprendre, une bonne fois pour toutes, que la politique de l'assistanat mène droit au gouffre. Toutes les wilayas d'Algérie recèlent de précieux trésors culturels (villes anciennes, manuscrits de grande valeur, sites historiques, chants et danses folkloriques, artisanats, savoirs et métiers séculaires, rites, tissu associatif et mouvement artistique dynamiques et volontaires …) qui demeurent méconnus pour le grand public. Beaucoup de directeurs de la culture, eux-mêmes, ignorent ces joyaux de la culture locale. Vivant en autarcie quasi-complète, ils se contentent généralement d'une gestion médiocre des subventions et autres subsides de l'Etat. La répartition tendancieuse et injustifiée de ces aides publiques crée très souvent beaucoup de mécontentements et de frustrations. Cette façon de faire est vécue comme du mépris par les artistes authentiques et les acteurs culturels véritables. Pour relancer réellement le secteur sur de bonnes bases, on doit opérer une évolution conséquente des mentalités à même de révolutionner le fonctionnement de ces institutions. Professionnalisme, formation adéquate aux emplois et métiers culturels, démarche managériale à tous les échelons, protection des arts et des artistes, ouverture totale sur l'extérieur, transparence dans la consommation des budgets, voilà, par exemple, des approches qui pourraient conforter le crédit de l'administration culturelle auprès du grand public, de manière générale, et parmi les entrepreneurs et les sponsors, en particulier. K. A.