De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar à défaut d'instituts et d'écoles spécialisés accessibles, les jeunes cinéastes trouvent dans les cinéclubs et les associations culturelles un terrain de prédilection pour faire leurs premiers pas. Les séminaires de formation intensive et les projets soutenus par le tissu associatif ont déjà donné des résultats qui dépassent les attentes premières des promoteurs de ce genre d'initiatives. En plus de l'animation créée en marge de ces événements, des dizaines de stagiaires sont annuellement accompagnés et soutenus pour concrétiser leurs œuvres et projets. L'expérience a inspiré même les établissements culturels publics qui se lancent désormais dans des actions similaires. La formule, qui a parfaitement polarisé l'attention du public et des professionnels, mérite bien évidemment toute l'assistance de l'administration et des sponsors. L'exemple de l'association «Cinéma et Mémoire» (CM) de Béjaïa est, à ce propos, avant-gardiste. Le collectif, initiateur des rencontres du film documentaire qui se tiennent à chaque mois d'octobre, focalise ses efforts sur la formation et la production de films amateurs. Au rythme jovial et détendu d'une bonne quinzaine cinématographique, ateliers de formation encadrés par des professionnels locaux et étrangers, projection de films documentaires, d'ici et d'ailleurs, en présence de réalisateurs et de critiques, forums de discussion et débats libres sur le 7e art font à chaque fois le bonheur des stagiaires et des habitués. Que ce soit pour les ateliers ou pour les projections, l'ambiance est invariablement gaie, et les échanges intenses et amicaux entre l'ensemble des participants. A la clôture de la seconde édition qui a eu lieu au mois d'octobre de l'année dernière, l'association organisatrice, et ses deux partenaires Kaïna Cinéma (Paris) et Etouchane (Roubaix), ont présenté pour la première fois au public une première «brochette» de six films d'atelier, fruits de la première édition qui a eu lieu au mois d'octobre 2007. Tous les documents en question sont produits par des stagiaires qui signent là leurs premières œuvres personnelles. La qualité technique et thématique de ces films a en effet surpris les cinéphiles. Encadrés une année durant à différentes phases de réalisation de leurs projets (réécriture et développement des sujets, tournage et montage), le résultat final a dépassé les espérances des stagiaires eux-mêmes. Entre-temps, toutes ces œuvres originelles ont été déjà projetées dans de nombreuses salles aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Au mois de mars prochain, dix autres apprenants entameront le tournage de leurs scénarii, revus et corrigés par des professionnels. Ils seront également accompagnés jusqu'au bout, et leurs films seront dévoilés au public lors du troisième rendez-vous automnal du documentaire qui se tiendra, comme toujours au mois d'octobre prochain. Le mouvement social qui a secoué la Kabylie en 2001, la réalité du christianisme en Algérie, un projet de recherche et de création à bord d'un bateau nommé Zitoun, portrait d'un maître de la peinture non-figurative, un regard différent sur les œuvres d'un géant de la littérature algérienne, les syndicats autonomes à travers l'expérience de Osmane Redouane (CLA), l'Algérie d'aujourd'hui dans l'«objectif» d'une émigrée qui revient sur ses traces après 14 ans d'absence, les sujets retenus sont variés et abordent des questions esthétiques et thématiques d'une richesse exceptionnelle. Comme quoi on peut apprendre sur le tas et voir beaucoup plus loin qu'au sein des circuits pédagogiques conventionnels. Un exemple à méditer.