S'il y a bien un thème sur lequel on n'aimerait pas s'étaler ou même aborder, c'est bien celui des accidents de la route et surtout de l'effarant taux de mortalité qui s'y rapporte. Mais les bilans réguliers de la mort sur les routes, toujours plus attristants, obligent à traiter de nouveau du sujet. Surtout lorsque la DGSN évoque un surprenant «recul des accidents de la circulation en zones urbaines grâce essentiellement aux efforts consentis par les services de la police dans ce domaine». Et comment ne pas s'étonner encore quand un communiqué ad hoc de la police nationale souligne que «la baisse des accidents de la route d'année en année» s'explique aussi par la «prévention continue auprès des usagers de la route qui a impacté positivement sur leurs comportements» ? Ô combien on aurait aimé que cela soit le cas ! L'étonnement est encore plus grand du fait même que la police estime que les statistiques de la mortalité routière en 2014 et 2015 sont «encourageantes» ! «Encourageantes» de quel point de vue et par rapport à quoi ? Une baisse du nombre de morts, même relative, est certes toujours bonne à prendre, mais le nombre de morts finalement enregistré n'est jamais encourageant car un mort est toujours un mort de trop ! Cette manière de tempérer la réalité du sinistre est cependant contredite par la chronique macabre des routes algériennes. Neuf enfants ont en effet trouvé la mort et quinze autres personnes ont été blessées dans un récent accident dans la seule wilaya de Skikda ! Au niveau national, quatorze autres Algériens sont morts et dix-sept autres ont été blessés dans douze accidents enregistrés une semaine avant et en seulement deux jours ! Hélas, mille fois hélas ! Le problème des accidents de la circulation prend des proportions toujours plus alarmantes. Le nombre croissant de morts et de blessés sur les routes de l'enfer automobile ont amené les pouvoirs publics à réagir, mais tardivement au vu de la dimension de l'hécatombe ! Mais le fait est là et cette fermeté relative est quand même la bienvenue. La législation spécifique a donc été durcie, parallèlement à des actions de prévention et de sensibilisation. C'est bien ainsi mais il faudrait faire plus, mieux et être encore plus sévère. On a déjà une certaine idée de l'ampleur du phénomène à travers les dernières statistiques du Centre national de prévention et de sécurité routières (Cnpsr), qui font état de 1 919 morts et 21 290 blessées durant le seul premier semestre 2016. Et on est même atterrés d'apprendre qu'il y a eu en 2015, 4 610 morts auxquels s'ajoutent 55 994 blessés. Un seuil intolérable, soit une moyenne de 12 morts et 160 blessées par jour ! L'ampleur des dégâts est telle que le Conseil des ministres du 26 juillet dernier s'est saisi du problème. Un avant-projet de loi adopté, prévoit un alourdissement des sanctions et, au titre de la prévention, le renforcement de la formation et de la qualification des conducteurs. De même, l'amélioration du contrôle technique et de la sécurité routière, ainsi que la mise en place d'organes nationaux de prévention et de coordination appropriés. L'échelle de sévérité est revue à la hausse alors même que l'instauration du permis à points est préconisée. Face à ce véritable fléau qui coûte déjà trop cher en vie humaines et obère lourdement les deniers de l'Etat (100 milliards DA/an, équivalent d'un milliard USD), on ne sera jamais assez coercitifs. Saluons donc la future mise en place de la Délégation nationale à la sécurité routière (Dnsr) qui remplacera le méritant mais impuissant Cnpsr. Et prônons, plus que jamais, le principe de la tolérance zéro avec les criminels de la route et autres terroristes routiers qui font que le voyage automobile soit de plus en plus un cauchemar et un drame. Les statistiques funèbres viennent nous rappeler que les accidents de la route sont la première cause de mortalité en Algérie. Une personne meurt sur la route toutes les deux heures. On peut multiplier ces bilans macabres ad nauseam ! Les dix pays où le nombre de décès est, dans l'absolu, le plus élevé au monde sont certes la Chine, l'Inde, le Nigéria, les USA, le Pakistan, l'Indonésie, la Russie, le Brésil, l'Egypte et l'Ethiopie. Mais apprécié par rapport à la population, le réseau routier et le parc automobile, le nombre de morts en Algérie pourrait être le plus élevé au monde ! N. K.