Photo : Sahel Des chantiers à n'en pas finir dans le cadre de la réforme du système éducatif. Des rencontres, des propositions, des décisions et des exécutions… pour des résultats qui parfois encouragent mais parfois désenchantent et découragent. Boubekeur Benbouzid, le ministre qui cumule le plus d'années à la tête d'un même secteur se targue des réalisations et loue les mérites. Les erreurs, il les minimise. L'essentiel est de savoir en tirer les leçons même lorsqu'il s'agit de dépenser de grosses sommes d'argent dans la confection des manuels de deuxième année de français, retirés par la suite des établissements scolaires sur décision du même ministre parce que les enfants sont encore trop jeunes pour pouvoir assimiler les nouveaux cours. Les erreurs sont permises même lorsque les élèves des classes d'examen sont induits en erreur à des moments décisifs de leur parcours scolaire, voire de leur vie… Erreurs dans les manuels scolaires, erreurs dans les sujets d'examen, programmes chargés qui poussent des élèves à sortir dans la rue… conflits avec les syndicats du secteur mais aussi avec de nombreux enseignants du technique qui refusent de se soumettre à une décision jugée dangereuse pour l'avenir de toute une nation… conflit avec des enseignants contractuels qui crient à l'injustice parce que privés de leur droit de titularisation après des années de travail dans le secteur… et, dernièrement, le report de l'application de la nouvelle méthode d'enseignement appelée «approche par compétence» dans les épreuves du baccalauréat. Cette approche par compétence que d'aucuns jugent très bonne comme méthode d'enseignement parce qu'elle fait travailler sérieusement aussi bien l'élève que l'enseignant, les jetant tous les deux dans l'action et la réaction pour les mettre au diapason des événements, tarde à se faire un chemin. C'est l'année dernière que le ministre Benbouzid a décidé de l'appliquer, pour la première fois, dans les épreuves du baccalauréat. Ce qui a suscité une grande angoisse chez les candidats qui ont réussi tout de même à la repousser à l'année suivante. Le ministre a donc pris la décision de la reporter pour cette année, c'est-à-dire pour le baccalauréat session juin 2009. Là encore, le terrain ne semble pas encore préparé pour son application : il y a près d'un mois, le ministère de l'Education nationale a rendu public un communiqué où il indique que l'approche par compétence ne sera pas appliquée cette année. Report après report, l'approche par compétence ne trouve pas son environnement : les établissements scolaires ne sont pas suffisamment équipés en matériel informatique ni connectés à Internet, des supports de base pour les travaux de recherche et de documentation. Et pas seulement : cette méthode qui fait appel à un suivi individuel des élèves s'avère très difficile, voire impossible, dans des classes qui contiennent jusqu'à 40 et 45 élèves. Attendons donc que les classes se libèrent peu à peu pour qu'un communiqué du ministère annonce l'application de cette méthode dans les examens de fin d'année !