Mais la réalité est loin d'être simple. Elle n'est pas carrée. La crise est profonde et il lui faut une solution radicale. Ou plus globale. Si la responsabilité de Mohamed Raouraoua n'est plus à démontrer, étant le seul maître à bord depuis plusieurs années, la débâcle des Verts à Franceville n'est définitivement pas de sa seule responsabilité. Et puis, il serait indécent de coller la piètre prestation des camarades du capitaine Mandi au sélectionneur qui n'a eu que trois mois pour préparer l'équipe. Même s'il y a une certaine maladresse dans leur irruption dans le débat, le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le ministre de la Jeunesse et des Sports El Hadi Ould Ali ont parlé d'une évaluation de la participation de l'EN à la dernière CAN. Cette évaluation est nécessaire sur tous les plans. A commencer par une réflexion profonde sur la meilleure façon de mettre fin à la nature moribonde du championnat national qui n'arrive même pas à alimenter l'équipe nationale. Il n'est pas question ici de remettre en cause le patriotisme des joueurs franco-algériens formés dans les centres de formation français, comme tentent de le faire les rapaces qui sévissent sur certains plateaux TV, mais la logique et le bon sens veulent que les joueurs évoluant à l'étranger soient supposés être un apport pour ceux évoluant en Algérie. C'est le cas dans tous les pays du monde, exceptés en Algérie où les locaux sont sélectionnés symboliquement pour ne pas «froisser» les nationalistes de pacotille. C'est là que l'on doit voir l'échec du président de la FAF qui a introduit le professionnalisme, il y a six années, sans réussir à concrétiser l'essence même du professionnalisme, à savoir la formation. Il faut dire que les clubs ne l'ont pas aidé dans son œuvre, eux qui passent leur temps à quémander de l'argent aux pouvoirs publics, limitant ainsi le processus de professionnalisation à son côté administratif et juridique. Les amoureux du sport en général et du football en particulier devraient se mobiliser pour une profonde réforme du secteur quitte à collectionner, pour une certaine période, les mauvais résultats dans les compétitions internationales. Il s'agit de mettre fin au statut de vitrine «prêt-à-porter» acquis par l'équipe nationale à un moment où le championnat national est d'une médiocrité affligeante. D'un autre côté, les responsables de l'Etat et les hommes politiques en général devraient aussi cesser d'utiliser cette équipe nationale et d'exploiter ses succès pour ne pas semer l'amertume dans les esprits des Algériens. Par ailleurs, ce qui est valable pour le football, opium du peuple, est nécessairement valable pour les autres disciplines sportives. Les instances en charge du sport en Algérie devraient cesser de négliger les autres sports au profit du football. L'on n'a pas le droit d'oublier que les Algériens se sont faits vibrer par l'athlétisme, la boxe, le judo, le handball et quelques autres sports qui ont fait retentir l'hymne national lors de compétitions internationales prestigieuses. Il est plus que temps d'encourager ces disciplines par le biais, là aussi, de la formation qui est le socle sur lequel tout projet de développement doit s'appuyer. Il est temps de mobiliser aussi l'école, comme dans les années soixante et soixante-dix, dans la démarche de développement de la pratique sportive susceptible de permettre aux dénicheurs de jeunes talents de découvrir des champions en herbe qui feraient des merveilles à l'avenir. M. B.