L'attaque terroriste revendiquée par Daech contre un barrage de gendarmerie mercredi dernier dans la région de Larbaa, à quelques encablures de Blida et d'Alger, a abondamment fait parler d'elle. Et surtout écrire, bien évidemment. Cela faisait en effet un certain temps que les groupes terroristes de la Mitidja, du piémont blidéen et de leur prolongement algérois jusqu'à la côte n'avaient pas fait parler d'eux. C'était un peu comme s'ils avaient laissé à leurs acolytes agissant à l'est du pays, en Kabylie et dans l'Ouarsenis à l'ouest, le soin de se signaler, chaque fois que cela est possible, par des actions meurtrières à fort impact médiatique. On peut imaginer que ceux de l'Atlas et du Sahel algérois ne profitaient pas du repos du guerrier pendant ce laps de temps de repli stratégique. Ne pas oublier en effet une donne fondamentale : depuis l'enlèvement suivi de la décapitation du guide de montagne français Hervé Gourdel en septembre 2014, les groupes terroristes islamistes qui ont survécu à la décennie noire et aux coups de boutoir de l'armée algérienne ont mis en œuvre une réorientation de leur tactique strictement militaire, l'exégèse religieuse justificatrice des assassinats d'innocents demeurant la même. La nouvelle démarche consiste à s'inscrire dans le courant du «Califat» de Daech, d'abord en prêtant allégeance à son émir, ensuite à revendiquer en son nom et à lui attribuer la paternité des opérations réalisées et connues. Le début de cette réorientation coïncide avec l'exécution de l'alpiniste français et son retentissement international. Naitra alors la première cellule armée de l'Etat islamique en Algérie. Elle est dénommée - comme pour lever toute ambiguïté - «Djund el-Khalifa», les soldats du Califat. Ses fondateurs font partie du groupe qui a enlevé Gourdel. A part quelques attentats téméraires à Constantine, commis au cœur de la ville, les ralliés de Daech ne prennent pas de risques, optant pour l'effet d'aubaine plus que les actions mûrement planifiées. L'attaque de Larbaa s'inscrit-elle dans cette stratégie ? Ils (les terroristes) doivent se languir et brûler d'envie de faire renouer la région de l'Algérois avec la terreur et l'insécurité. Il se pourrait bien que l'attentat de mercredi contre les gendarmes revête valeur de test, en prélude à des actions plus importantes. La riposte de l'ANP a été rapide et payante : il ne lui a pas fallu plus de deux jours pour éliminer deux des terroristes ayant mené l'attaque. Cela dit, le message des terroristes est clair : ils frapperont, désormais, là où ils pourront et travailleront à consolider les relais locaux des islamistes en armes du Moyen-Orient et, qui sait ?, réaliser des jonctions terrestres avec les terroristes du Sahel frontalier avec l'Algérie. In fine, et s'il fallait tirer les leçons de la dernière attaque, le constat qui s'impose est double. Primo, il (le terrorisme) frappera chaque fois qu'il soupçonnera un relâchement de la garde. Secundo, les groupes terroristes recrutent toujours parmi les jeunes et ce n'est pas normal. Pourquoi ? A. S.