Les quelques députés intervenant après le long exposé du plan de gouvernement par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, étaient de la majorité, du FLN et du RND, lesquels ont tout au long de leurs interventions apporté leur «soutien» au gouvernement et à son programme qu'ils jugent, «ambitieux», «en adéquation avec la conjoncture» et «répond aux aspirations de la population». Ce plan que vient de présenter Tebboune «est celui du président de la République», affirme Saïd Lakhdari, député du FLN, soulignant la «conjoncture spéciale» dans laquelle il intervient. «L'Algérie est touchée par une crise financière, certes. Mais, je pense que les nouveautés dans ce plan venu pour améliorer la situation générale dans notre pays est la position de l'Algérie de rejeter l'empreint extérieur et le ciblage dans les transferts sociaux», estime M. Lakhdari, ajoutant qu'il «pense que ce plan d'action permettra à notre économie de redémarrer à nouveau», a-t-il ajouté. Mais ce n'est pas l'avis de l'opposition dans ses différentes tendances. Le Front des forces socialistes (FFS) pense qu'«on ne peut pas parler de plan d'action, sans présenter un bilan de l'exécutif sortant». Celui présenté par Tebboune «n'est que généralités, dépourvu de calendrier et chiffres», analyse Mohamed Klaleche, député du FFS. Selon lui, on ne peut également parler de développement, quand tous les projets structurants inscrits en 2014 et 2015 sont «gelés» et les projets de construction en cours «pratiquement à l'arrêt faute de paiement des entrepreneurs et promoteurs immobiliers». «Il y a des entreprises qui n'ont pas eues leurs dus depuis des mois, voire des années», témoigne cet ancien président de l'Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou, une wilaya qu'il cite en exemple. «Le nouveau stade est à l'arrêt, les sociétés ont quitté les chantiers faute d'argent. Le CHU, la clinique du rein, le complexe mère-enfant sont gelés», dira-t-il. M. Klaleche soutient que «la priorité est d'achever les projets déjà inscrits dans les différentes wilayas». Fidèle à sa politique, le Parti des travailleurs (PT) enregistre des points positifs dans le discours du Premier ministre. «Nous avons enregistré beaucoup de points positifs, telles le non recours à l'endettement extérieur. C'est l'une de nos revendications phares», s'est félicité Ramdane Taâzibt, député du PT. «Le chef de l'exécutif a réitéré le caractère social de l'Etat. Pour nous, préserver le caractère social de l'Etat pose nécessairement la remise en cause des lois antisociales qui ont été votées dernièrement, notamment les lois de Finances 2016 et 2017 qui ont imposé une cure d'austérité jamais égalée contre la majorité de la population avec l'augmentation des impôts et de la TVA, les taxes… etc.», dira-t-il, se demandant en outre «s'il y aurait remise en cause de ces politiques». Cependant, M. Taâzibt estime que «beaucoup d'autres points manquent encore dans le programme du gouvernement». Quant aux islamistes, ils pensent que le problème n'est pas dans le plan tel que présenté mais dans les moyens de sa réalisation. «Il ne peut être exécuté en l'absence de moyens financiers. C'est beau de parler de diversification de l'économie nationale, s'occuper de l'industrie mais nous n'avons pas les moyens pour le faire», explique Lakhdar Benkhellaf, représentant du FJD, qui parle d'un plan d'action «copier-coller de celui de l'ancien gouvernement». «C'est un plan d'action déjà vu», dira-t-il. Une analyse que partage le Front El Moustakbal, selon son député, Khaled Tazaghart. «Même si nous avons enregistré plusieurs points positifs qui travaillent pour les intérêts des couches déshéritées, nous considérons cependant que le programme du gouvernement Tebboune n'est qu'une copie de son prédécesseur Sellal», déclare-t-il. Au Front El Moustakbal, «nous avons des propositions pour une véritable relance de tous les secteurs de la vie politique et économique du pays», a-t-il fait savoir avant de souligner «l'urgence d'un débat général avec le pouvoir et toute la classe politique, un débat pour «la résolution de la crise multidimensionnelle qui secoue le pays». Rappelons que le Premier ministre a justement évoqué durant sa présentation l'ouverture d'un large débat entre le gouvernement et les différents acteurs politiques, sociaux et économiques. Pour les indépendants, Braham Bennadji, député de Béjaïa, notera que le plan du gouvernement «n'a pas accordé trop d'importance à la langue amazighe». Rappelant que cette langue «maternelle et éternelle» a été officialisée dans la dernière Constitution, le député déplore qu'il n'y «dans le programme aucun projet de loi organique sur l'application de l'article 4 de la Constitution qui reste gelé jusqu'à maintenant», dira cet ancien militant berbériste. Deux fois président d'APC, l'élu du peuple ne peut s'empêcher d'évoquer les «manques» dont souffre sa circonscription électorale. «La wilaya de Béjaïa est marginalisée par rapport à d'autres wilayas. Et ce, dans tous les domaines. L'autoroute est à moitié achevée, faible taux de raccordement en gaz de ville et plusieurs grands chantiers sont à l'arrêt», énumère-t-il. Sur le plan sanitaire, «la cinquième promotion de la faculté médecine de Béjaïa sortira cette année sans que le CHU ne soit encore prêt», a-t-il regretté. A. B.