Le piratage est mal, illégal, immoral et cause beaucoup de préjudices à ses victimes. Mais à quelque chose malheur est bon, dit-on. Cette filière du piratage est perçue comme une «bénédiction» pour bon nombre de nos compatriotes, qui profitent de cette aubaine pour découvrir les nouveautés artistiques et actualiser leurs connaissances dans diverses disciplines. On doit le dire très franchement, sans contrefaçon, de nombreux livres récents seraient hors de portée pour la quasi-majorité des citoyens. Le livre contrefait est de qualité moindre (papier, impression et conservation), mais permet tout de même à son acquéreur de se cultiver et de se mettre à jour. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce «brigandage», interdit par la loi et moralement injuste, permet à des milliards d'êtres humains à travers le monde de bénéficier d'une petite lucarne ouverte sur la modernité, les belles créations et l'innovation technique. Pour le dire ainsi, cela participe indignement à la socialisation du savoir. Conscients de la noblesse de cette quête, de nombreux artistes engagés et intellectuels militants laissent leurs œuvres en téléchargement libre sur la grande Toile pour, justement, permettre à tous ceux qui n'ont pas les moyens de les exploiter gratuitement. Ces derniers, une fois leur statut social amélioré, concèdent souvent à acquérir des versions originales et des produits de bonne facture. Au lieu de cette lutte incertaine contre les pirates, on est tenté de dire que les institutions internationales spécialisées, les Etats et les producteurs devraient plutôt réfléchir à une autre approche qui garantirait la démocratisation de l'accès aux œuvres de l'esprit à travers un savant système de subvention et de sponsoring pour utilité publique Le piratage informatique et la contrefaçon des œuvres d'art (musique, cinéma, littérature et divers autres contenus numérisés) font des ravages partout à travers le monde. Les hackers utilisent des méthodes de plus en plus sophistiquées pour déverrouiller, briser, les codes de protection et se frayer un accès à de grosses productions qu'ils exploitent, ensuite, à leur profit. Au mois de mai dernier, des cyber-pirates ont réussi à accéder, en exclusivité, au dernier volet de la saga Pirates des Caraïbes, exerçant un odieux chantage sur Walt Disney. Ils ont réclamé une énorme rançon à la firme hollywoodienne pour ne pas mettre en ligne le film, encore inédit au moment des faits. Les flibustiers avaient exigé d'être payés en bitcoin, la monnaie virtuelle, qui leur garantit un parfait anonymat. C'est pour la première fois dans l'histoire qu'une rançon est réclamée dans ce genre d'affaires. Auparavant, les films et les œuvres piratées sont gravés sur des CD et revendues au marché noir à un prix accessible pour tout le monde. Le phénomène prend une ampleur dramatique, notamment dans la région méditerranéenne (Sud de l'Europe-Maghreb). Des pays comme la France, l'Algérie, le Maroc, l'Espagne ou l'Italie occupent le haut du pavé dans l'exploitation illicite, voire le pillage, des produits culturels et artistiques. Le téléchargement illicite a atteint un seuil dramatique, causant des dégâts qui se comptent en milliards à l'industrie du film, de la musique et des jeux vidéo, notamment. Dans un pays comme la France, réputé ferme dans sa lutte contre ce fléau, 450 000 films y sont téléchargés illégalement chaque jour, soit environ 14 millions de films par mois, selon les chiffres d'un célèbre cabinet d'avocats spécialisés. Sur les cinq dernières années, ce phénomène ravageur appelé «petit piratage de masse», œuvres de petites filières frauduleuses, a absorbé 50% du marché français du disque, en volume et en valeur. Un véritable hold-up ! En Algérie, la lutte sans merci, menée contre de puissants réseaux de contrefaçon de VCD, MP3, DVD et DVIX, n'arrive pas à éradiquer totalement le fléau. L'Office national des droits d'auteur et droits voisins (Onda), en collaboration avec la police et la gendarmerie, confisque, en moyenne, 2 millions de supports piratés par an. Un chiffre énorme. L'Institut national algérien de la propriété industrielle (Inapi) a aussi engagé un combat de longue haleine contre la contrefaçon de logiciels, d'applications et de divers autres supports informatiques. Mais à quelque chose malheur est bon, dit-on. Cette filière du piratage est perçue comme une «bénédiction» pour bon nombre de nos compatriotes, qui profitent de cette aubaine pour découvrir les nouveautés artistiques et actualiser leurs connaissances dans diverses disciplines. On doit le dire très franchement, sans contrefaçon de nombreux livres récents seraient hors de portée pour la quasi-majorité des citoyens. Le livre contrefait est de qualité moindre (papier, impression et conservation), mais permet tout de même à son acquéreur de se cultiver et de se mettre à jour. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce «brigandage», interdit par la loi et moralement injuste, permet à des milliards d'êtres humains à travers le monde de bénéficier d'une petite lucarne ouverte sur la modernité, les belles créations et l'innovation technique. Pour le dire ainsi, cela participe indignement à la socialisation du savoir. Conscients de la noblesse de cette quête, de nombreux artistes engagés et intellectuels militants laissent leurs œuvres en téléchargement libre sur la grande Toile pour, justement, permettre à tous ceux qui n'ont pas les moyens de les exploiter gratuitement. Ces derniers, une fois leur statut social amélioré, concèdent souvent à acquérir des versions originales et des produits de bonne facture. Au lieu de cette lutte incertaine contre les pirates, on est tenté de dire que les institutions internationales spécialisées, les Etats et les producteurs devraient plutôt réfléchir à une autre approche qui garantirait la démocratisation de l'accès aux œuvres de l'esprit à travers un savant système de subvention et de sponsoring pour utilité publique. En somme, une offre alléchante (matérielle et morale) qui ferait en sorte que les producteurs accepteraient de partager leurs merveilles avec le plus grand nombre. Utopique ? K. A.