Si ces sanctions provoquent la colère à Moscou, ils inquiètent aussi l'Europe, car ils permettraient de sanctionner des entreprises européennes. Les Etats membres de l'Union européenne évoqueront d'ailleurs une éventuelle réponse lors d'une réunion aujourd'hui à Bruxelles. La Russie a promis de riposter à l'adoption, la veille, par le Congrès des Etats-Unis de nouvelles sanctions la visant, avertissant que ce projet menaçait «très sérieusement» les espoirs de normalisation suscités par l'élection de Donald Trump. «Les auteurs et soutiens de ce projet de loi font un pas très sérieux en direction d'une destruction des perspectives de normalisation des relations avec la Russie», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov. «Ces actes ne resteront pas sans réponse», a-t-il averti, tout en assurant que Moscou ne comptait pas «céder à l'émotion» et travaillerait à la recherche de «compromis» sur des questions comme la lutte contre le terrorisme. Si ce projet provoque la colère à Moscou, il inquiète aussi l'Europe, car il permettrait de sanctionner des entreprises européennes. Les Etats membres de l'Union européenne évoqueront d'ailleurs une éventuelle réponse lors d'une réunion aujourd'hui à Bruxelles. La proposition de loi, qui doit encore être adoptée par le Sénat, inclut par ailleurs des sanctions contre l'Iran et la Corée du Nord. Les parlementaires américains, forçant la main du président Donald Trump au moment où il veut la tendre à Vladimir Poutine, veulent en premier lieu infliger des représailles à la Russie après une campagne de désinformation et de piratage attribuée à Moscou durant l'élection présidentielle américaine de 2016. Les questions de la Crimée et de l'Ukraine sont les autres motifs avancés. Le texte prévoit aussi un mécanisme inédit : les parlementaires vont s'arroger le droit de s'interposer si jamais Donald Trump décidait de suspendre des sanctions existantes. Si le texte passait au Sénat, Donald Trump pourrait mettre son veto. Mais il suffirait au Congrès de revoter à une majorité de tiers pour le surmonter, et il est d'usage que les Présidents s'épargnent cette humiliation en apportant un soutien tardif à la législation. De Paris à Berlin en passant par Bruxelles, l'initiative du Congrès américain passe très mal, car elle est unilatérale. Les Etats membres de l'Union européenne évoqueront d'ailleurs une éventuelle réponse lors de la réunion de Bruxelles. Plusieurs pays européens, notamment l'Allemagne, sont furieux car la loi donnerait au Président américain la possibilité de sanctionner les entreprises qui travaillent sur des pipelines venant de Russie, en limitant par exemple leur accès aux banques américaines ou en les excluant des marchés publics aux Etats-Unis. Cette disposition pourrait en théorie ouvrir la voie à des sanctions contre les Groupes européens partenaires du projet de gazoduc Nord Stream 2 qui doit accélérer l'acheminement de gaz russe vers l'Allemagne à partir de 2019. Jusqu'à présent, la ligne rouge fixée par Washington et Bruxelles avait été que les sanctions n'affectent pas l'approvisionnement en gaz de l'Europe. R. I.