Photo : Raid Par Moumene Belghoul L'Entente de Sétif a décidé de se doter d'un nouveau statut comme phase transitoire vers ce qui est communément appelé le professionnalisme. En fait, le club le plus en forme du football national dans cette période entend profiter d'une conjoncture exceptionnelle en termes de résultats sur le plan nationale et arabe pour impulser un changement salutaire dans les mentalités. L'Entente en raison de son statut a les moyens et l'ambition d'être un club-entreprise rentable pour ses éventuels actionnaires. Le changement tant attendu du côté du Sétif du football a commencé. Les membres du comité directeur de l'ESS ont chargé le président du club, Abdelhakim Serrar, de créer une Eurl. Le nouveau statut représentera une phase transitoire qui durerait cinq années, avant que le club ne devienne une société par actions (SPA). La phase de cinq ans sera sans conteste une période charnière pour construire sur du solide la nouvelle réalité du club des Hauts Plateaux. Sur le plan juridique, l'Entente de Sétif vient de se doter d'une entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée (EUSRL). Une première à l'échelle nationale qui devrait lui ouvrir la voie du professionnalisme, «le vrai», comme se plaît, non sans malice, à le rappeler souvent le président du club. L'administration de cette entreprise a été confiée à un connaisseur en la matière, Kamel Lafi, ex-président de la section football de l'ESS. Dotée d'un capital de deux millions de dinars, en premier lieu, divisé en 2 000 parts sociales d'une valeur de 1 000 DA chacune, l'EURL de l'ESS, ou «Black and White» comme désignée sur les statuts sera régie par les dispositions du code de commerce, par la loi n° 04-10 du 14 août 2004 relative à l'éducation physique et sportive, ainsi que par les dispositions du décret exécutif n° 06- 264 du 8 août 2006, déterminant les dispositions applicables aux clubs sportifs professionnels et fixant les statuts types des sociétés commerciales. D'une durée de 99 ans, «l'EUSRL BW-ESS» est, désormais, une réalité dans l'amalgame qui nous sert d'environnement sportif national. Avis donc aux différents opérateurs pour se constituer en actionnaires. Sur le plan du marketing, un plan d'action ambitieux a été mis en place pour stimuler le business. L'Entente de Sétif a été sollicitée par le groupe Mami, l'un des plus importants sponsors du club, spécialisé dans les boissons gazeuses à Sétif. Objectif : commercialiser prochainement une nouvelle gamme de soda sous le label «BW». Sur un autre registre, l'EURL sétifienne compte s'investir dans la confection industrielle de vêtements et lingerie, l'import et l'export d'articles de loisirs, de sport et d'articles mobiliers à usage domestique et bureautique. Rien que pour la saison en cours, les dirigeants de l'ESS misent sur la vente de 50 000 maillots authentiques du club et ce, jusqu'à la fin de l'année. L'opération pourrait rapporter au club des ressources substantielles, notamment en cas de bons résultats dans les quatre compétitions dans lesquelles l'Entente est engagée. Il faut dire que la conjoncture pour le changement qualitatif est des plus idoines pour l'actuel leader du Championnat national de première division. Depuis quelques années et sous la gestion de Hakim Serrar, l'ESS semble évoluer de façon sereine. Le club de Sétif constitue désormais une, si ce n'est la destination préférée des meilleurs joueurs du pays. Mais derrière cette image légitimement ambitieuse et les espoirs qu'elle engendre, se dresse, imperturbable, une inconnue. Le passage vers un statut plus conforme aux exigences du football moderne de quelques clubs de football de l'élite suffit-il à impulser la dynamique pour la généralisation du professionnalisme ? La réalité de notre football est, il est vrai, peu reluisante. Et malgré un engouement populaire sans nul autre pareil, l'environnement footballistique est loin du compte. Nos voisins tunisiens et marocains ayant une longueur d'avance sur nous semblent être dans une autre dimension. Nous citerons pour l'exemple une seule norme pourtant exigée par la Fédération internationale de football (FIFA) et qui fait défaut chez nous. En 2009, aucun club algérien de football ne possède son propre stade pour les compétitions. Mais, malgré le retard accumulé par notre sport populaire et les difficultés qui ne tarderont pas à surgir, le challenge vers la professionnalisation de notre football vaut d'être tenté.