A l'image de ce qui s'était passé en 1999, puis en 2004, et comme il fallait s'y attendre, le sport s'invite à la campagne électorale. Sans surprise aucune, tellement ce secteur et ses différentes disciplines s'est toujours avéré être un terrain fertile à tout programme électoral, qu'il s'agisse de communales, de législatives ou de présidentielle. Abdelaziz Bouteflika est le premier à en parler, jetant son dévolu sur la ville de Sétif et toute la ferveur qui l'habite actuellement grâce à une Entente locale très en verve pour livrer ses impressions sur la situation actuelle du sport en Algérie, et le football en particulier qu'il n'a d'ailleurs pas hésité à désigner avec les mots et par les maux qu'il mérite, entre corruption et business et leurs multiples dérivés et dérives. Il y a assurément tant de choses à faire et refaire dans cet immense chantier sportif national qu'il n'est guerre nécessaire de sortir le grand jeu pour avoir son mot à dire et sa vision à défendre et à faire valoir. Tant de maladresses de gestion, tant d'occasions ratées et tant de victoires inachevées que la fierté des quelques exploits enregistrés par l'Algérie sur la scène sportive internationale finissent par se fondre fatalement dans un océan de déceptions et d'espérances trompées. Au passage, les nouvelles stars nationales, celles par exemple qui se sont illustrées au dernier jeux Olympiques, n'ont de place conquise dans les espaces affectifs du peuple que le temps furtif de leurs performances rapidement oubliées en attendant d'autres qui ne viennent pas, au moment où la nostalgie continue à faire revivre des heures de gloire par procuration, celles appartenant à une époque qu'une majorité de sportifs en quête de repère n'ont pas vécue. Or, si les choses son aujourd'hui ainsi faites pour la pratique sportive en Algérie, c'est parce que le sport sert une foultitude d'abus qui le détournent de sa vocation première et de sa noble mission pour le pousser vers des destinations qu'on ne lui connaissait pas par le passé. Planète gangrénée d'affairistes, le mouvement sportif national, notamment le milieu footballistique, est devenu un passage tout indiqué pour toute quête à moindre frais d'une célébrité qu'aucun autre secteur n'est capable d'offrir. Célébrité à valeur, bien sûr, de devises convertibles en nombreux avantages et privilèges qui se négocient loin des terrains et des pistes, bien à l'abri des foules qu'on prend le soin de servir et d'occuper par des spectacles à faire dormir dans n'importe quelle position lorsqu'ils ne font pas carrément agiter les démons de la violence. Mais si aujourd'hui, le sport sert les affaires au sens business du terme, c'est aussi parce que bien avant qu'il ne soit ainsi, ce secteur a servi la politique et les politicards sans réellement servir une politique sportive réfléchie et inscrite dans la durée.Le candidat Abdelaziz Bouteflika fait certainement montre d'une sincérité pleine lorsqu'il se dit «nostalgique» de l'époque où il était ministre de la Jeunesse et des Sports, au lendemain de l'indépendance, en se remémorant cette époque où le football était une fierté pour la jeunesse algérienne avant que le terrorisme «ne vienne tout saboter».Mais aujourd'hui que le terrorisme subit le coup mortel de la réconciliation nationale, il y a une autre jeunesse qui a sa propre nostalgie. Celle du futur. L. I.