L'orange, couleur vive et attirante, est celle que Mohamed Saïd a choisie pour sa campagne électorale à la présidentielle qui a eu lieu hier. Mais auparavant, cette couleur a été choisie pour son parti en gestation qui représente la seule et unique raison pour laquelle ce candidat a décidé d'entrer en course pour le «siège» d'El Mouradia. Il ne s'agit pas là d'une supputation mais de la déclaration même de Mohamed Saïd lors de sa conférence de presse mardi dernier au CIP où il a présenté son bilan de campagne. «Après cette campagne électorale, je peux dire que mes objectifs sont atteints à 100%», a commencé par dire le candidat en expliquant que, lors de son annonce de créer un parti politique, le 5 janvier dernier, il avait décidé de participer à la présidentielle pour «faire connaître les idées de ma formation politique. Les signatures de parrainage collectées ont été pour moi un test confirmant la capacité des cadres qui me soutiennent à créer un parti. De plus, cette élection présidentielle constitue pour moi une aubaine pour atteindre le maximumd'Algériens puisque c'est, là, une période d'ouverture médiatique qui ne se présentera encore que dans 5 ans». Le futur président du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), dont les statuts seront déposés au ministère de l'Intérieur dans la quinzaine de jours qui suivra le scrutin, a ainsi, tout au long des dix-neuf jours de la campagne, prôné «le changement… maintenant, pas demain» alors que lui-même, déjà, ne croyait pas qu'un quelconque changement allait être opéré pour ce 9 avril. Il l'a, d'ailleurs, déclaré et sans détours : «L'amendement de la Constitution du 12 novembre dernier a bien désigné le futur président de la République. Je ne me fais pas d'illusions et c'est avec une grande lucidité que j'ai décidé de participer à ces élections», a-t-il soutenu au CIP. Pourtant, à la salle Atlas où il a entamé sa campagne, le candidat avait dit : «Ceux qui tentent de distiller l'idée que les dés sont jetés veulent assassiner l'espoir et ancrer le désespoir dans l'esprit des jeunes. Ceux qui tentent de nous faire croire que le résultat est connu d'avance ne tolèrent aucun changement, la pérennisation de la situation actuelle étant à leur avantage, mais ce qui nous importe, nous, ce n'est pas tant le résultat de cette échéance électorale que le message à transmettre aux Algériens, leur dire que le changement est possible et qu'il y aura toujours de l'espoir grâce à la résistance des hommes.» Malgré cette contradiction, Mohamed Saïd a tenu à redonner espoir aux jeunes et à appeler les citoyens à aller voter en masse. Il a sillonné, pour faire passer ses messages, une trentaine de wilayas. «La situation est, certes, difficile mais le changement est possible. Deux facteurs sont porteurs d'espoirs : la jeunesse, véritable richesse de l'Algérie, et les richesses naturelles octroyées par Dieu Tout-Puissant à qui nous rendons grâce […]. Le devoir national doit primer et le vote est un moyen pour le changement par les voies pacifiques.» A-t-il réussi ? Il n'est même pas certain que les Algériens répondr à son appel au vote : «Nous n'avons pas encore en Algérie une discipline électorale.» En fin de compte, le seul but de Mohamed Saïd pour cette campagne, celui de faire connaître le Parti de la liberté et de la justice, est atteint. On peut dire aisément, donc, que ce candidat sort gagnant de ces élections indépendamment du score obtenu ce 9 avril. Il l'avait lui-même déclaré, d'ailleurs, dans ses meetings : «Le résultat du scrutin ne m'intéresse pas autant que de faire parvenir mon message à mes concitoyens.» Partisan d'une société nouvelle «basée sur les libertés et la justice pour tous», Mohamed Saïd réussira-t-il à obtenir son agrément ? Mieux, réussira-t-il à se frayer une place sur la scène politique et à ne pas déserter les bancs durant les cinq prochaines années ? H. Y.