La Commission de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (aile de Hocine Zehouane), de lutte contre les discriminations faites aux femmes est montée hier au créneau pour exiger l'égalité entre l'homme et la femme en matière de promotion. “Nous reconnaissons qu'au niveau des lois, il n'y a aucune discrimination qui frappe la femme. Le problème se pose au niveau de la pratique et de la promotion des femmes à des niveaux de responsabilité”, affirme Nassera Merah, lors d'une conférence de presse animée au siège de la Laddh. Pour elle, la seule loi qui est discriminante à l'égard de la femme est le code de la famille qui, à ses yeux, est contraire à la Constitution et aux principes des droits de l'Homme. “Avec les amendements de 2005, nous reconnaissons qu'il y a des avancées mais elles restent insuffisantes. L'un des grands acquis de ces amendements c'est la désacralisation du code de la famille”, relève-t-elle. Mais elle a regretté que les amendements apportés au code de la famille soient en deçà des propositions faites par les femmes. Le responsable d'un tel recul ? Ce n'est pas le président de la République bien évidemment, mais les partis politiques qui disent soutenir le combat de la femme ainsi que les associations féminines elles-mêmes. Très remontée, Mme Merah désigne du doigt l'absence de réactions des partis démocrates et leur dépréciation de la portée de ces amendements. Elle reproche aussi aux responsables des associations féminines le fait d'avoir privilégié leurs positions politiques d'opposition au détriment de leurs positions de militantes féminines. Et de citer l'exemple des associations de femmes marocaines qui ont fait une publicité monstre à la Moudawana du roi Mohammed VI dont la portée des articles est moindre comparée à celle des amendements apportés par le chef de l'Etat au code de la famille. Mme Merah s'est félicitée de l'information donnée par Nouria Hafsi sur les ondes de la radio consistant en la préparation d'une loi au niveau du ministère de la Justice qui oblige les partis politiques à réserver 30% de leurs listes électorales aux femmes. “Avec une telle loi, nous serons au même niveau que beaucoup de pays européens”, s'est-elle enthousiasmée. Sur cette question aussi, Mme Merah a pris un malin plaisir à jeter la pierre aux partis démocrates. “S'ils ont peur de la présence féminine, c'est qu'ils ont peur de la compétence. C'est pour cela qu'on a une Assemblée médiocre”, fulmine Mme Merah. Pour mettre en évidence l'insignifiance de place occupée par la femme algérienne en politique, Mme Merah a cité le classement de la représentation féminine au sein de certains parlements africains. Le Rwanda est classé premier au niveau mondial avec un niveau de représentation féminine de 48%. La Tunisie et le Maroc sont respectivement classés à la 36e et 94e places. Quant à l'Algérie, elle est descendue de la 120e à la 126e place avec l'actuel Parlement. Pour elle, la raison avancée par les partis pour expliquer leur refus de mettre les femmes aux premières places de leurs listes électorales, à savoir le refus de la société algérienne, ne tient pas la route. La preuve ? Mme Merah a cité l'exemple de femmes têtes de liste qui ont été élues à Béchar, Tiaret et Sétif. “Le problème n'est pas dans la société, mais dans les partis qui cherchent à nous inculquer leurs projets”, remarque-t-elle. Pour engranger plus d'acquis, les femmes algériennes doivent monter en épingle les promesses du Président de peur d'être oubliées, estime Mme Merah. A. C.