L'économie algérienne est en bonne santé. C'est ce qu'affirment, à maintes reprises, les responsables algériens exhibant fièrement des indicateurs macroéconomiques toujours satisfaisants pour une conjoncture mondiale où la récession est le maître mot des pays les plus développés. Et, pourtant, cette économie est rongée par une réelle gangrène à laquelle les pouvoirs publics ne semblent pas accorder l'importance nécessaire. Outre les indicateurs microéconomiques qui sont loin d'être reluisants, l'informel continue à dicter ses lois et à régner en maître des lieux. Les chiffres publiés par le Forum des chefs d'entreprise (FCE), la semaine dernière, sont plus qu'accablants. L'Informel est, désormais, un segment important de l'économie nationale. Il ne représente pas moins de 13% du PIB hors hydrocarbures. Ses revenus nets se situeraient, selon la même source, entre 300 et 600 milliards de dinars. Soit 17% de l'ensemble des revenus primaires nets des ménages. Le nombre de personnes employées dans ses différentes filières avoisine deux millions. Soit 22% des 8,25 millions de la population active. Cela correspond à une réelle saignée pour le Trésor public, lequel, du coup, assiste impuissant à l'évaporation d'importantes sommes. Les pertes de recettes budgétaires sont estimées à 42 milliards de dinars pour l'IRG. Celles des organismes de sécurité sociale sont beaucoup plus importantes. Elles avoisinent les 120 milliards de dinars alors que celles de la TVA ne constituent pas moins de 22 milliards de dinars. Que de gâchis ! Faut-il rappeler que l'édification d'une économie solide passe, d'abord, par la mise en place de mesures susceptibles de la protéger et ce, à tous les niveaux ? Aujourd'hui, il est plus qu'indispensable d'élaborer un réel plan d'action gouvernemental pour lutter contre le marché informel si l'on veut sauver cette économie de la noyade. Une lutte qui ne passe pas seulement par des mesures répressives mais aussi par la régulation du marché, une création d'emplois réelle et la régularisation des entreprises qui forment cette économie parallèle de plus en plus impressionnante. Sans quoi, l'économie algérienne exsangue restera la proie de chasseurs qui ont l'illégalité comme unique code de conduite. G. H.