Photo : Sahel Par Amirouche Yazid A quelques jours de l'ouverture officielle de la saison estivale 2009, les directions du tourisme au niveau de chaque wilaya tentent tant bien que mal de réunir les meilleures conditions qu'attendent des millions d'estivants qui se rendront dans les sites touristiques du pays. Le bilan de la précédente saison estivale a été tellement décevant, aux yeux même du ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, qu'il y a une obligation de résultats pour la saison touristique de la présente année. «La saison estivale 2008 n'a pas été brillante», déclarait M. Cherif Rahmani au moment de l'évaluation de la saison qui venait de s'écouler. C'était au mois d'août 2008. L'insatisfaction est d'autant plus inexplicable qu'elle a été précédée par la mise en place de ce qui a été appelé le «Plan bleu saison touristique 2008». Ce plan s'articulait sur «l'aménagement de 14 plages pilotes à travers 14 wilayas côtières, avec la signature de contrats de performance avec des établissements hôteliers, complexes et villages touristiques». Pour quelles raisons la saison estivale 2008 n'a-t-elle pas été bonne ? Officiellement, on évoque deux raisons. Il s'agit des pannes d'avion en pleine saison estivale et du déversement des égouts sur certaines plages, ce qui a généré un manque d'hygiène aux allures de menace sur les populations. Si l'aléa lié au transport aérien semble ne plus se poser cette saison, en ce qui concerne le second point, celui relatif à la propreté des plages, il est regrettable de constater que les choses n'ont pas bougé d'un iota. Des mesures sont annoncées dans cette perspective. Elles portent sur le renforcement des conditions d'hygiène sur les plages, la mise en place de sanitaires et autres douches au niveau des plages concédées, l'aménagement des accès et des parkings ainsi que l'entretien et le nettoyage des plages autorisées à la baignade. La direction du tourisme de la wilaya d'Aïn Témouchent, à titre d'exemple, a débloqué, à cet effet, une enveloppe de 95 millions de DA pour l'alimentation en eau potable et l'assainissement des plages, dans la mesure où la station de dessalement de l'eau de mer de Chatt El Hillal entrera prochainement en exploitation. Le nettoiement des plages dans la même wilaya sera confié aux dispositifs d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP) qui générera une centaine de postes d'emploi temporaires, et à «Blanche Algérie» géré par la direction de l'action sociale (DAS). A Béjaïa, une enveloppe financière estimée à plus de 20,5 millions de dinars, vient d'être dégagée pour le nettoyage des plages et l'aménagement des communes côtières dans le cadre des préparatifs pour la saison estivale. 10,25 millions ont été alloués par l'APW sur le budget de la wilaya et 10,30 millions ont été débloqués par la direction de la planification sur les programmes de développement des communes. La répartition est le résultat des travaux de la commission mixte chargée de la préparation de la saison estivale installée par le wali et le P/APW en décembre 2008. Dans ce sillage, l'APW a adopté le financement de huit Zodiacs au profit de la Protection civile, ce qui renforcera le dispositif de sécurité pour la saison, car, actuellement, les unités de secours ne disposent que de deux Zodiacs pour couvrir les 34 plages de la wilaya autorisées à la baignade. Une opération est destinée à l'éradication de la décharge incontrôlée d'Aokas dont la présence entache la qualité de séjour des vacanciers. La cascade de Kefrida n'a pas été en reste dans les projections puisqu'elle bénéficie pour sa part de 1 million de dinars sur le budget de wilaya destiné à des opérations d'entretien. Concernant l'exploitation des plages, les autorités s'affairent à lancer un appel à concession à l'adresse des promoteurs du secteur. Il est attendu que la location des matériels de plaisance, la restauration, la vente des produits de l'artisanat, le parking et bien d'autres objets sont régulés par un cahier des charges. C'est dire que des mécanismes d'organisation sont initiés pour la même finalité : mettre à l'aise les estivants. Il semble cependant que l'argent ne garantit pas à lui seul la réussite d'une saison estivale. Deux thèmes reviennent de manière récurrente dès qu'on aborde les conditions de séjour dans les sites touristiques. Il s'agit de l'accueil et de la sécurité. Il suffit, ainsi, d'interroger les gens pour en savoir plus. Certains jeunes affichent sans ambages leur divorce d'avec les plages. «Cela fait quatre ans que je ne vais pas à la plage. Les conditions ne sont pas favorables pour des jours de détente», estime Lyes, un jeune de 35 ans, qui s'étonne de ce qui se dit sur la politique touristique du pays. «Sincèrement, je ne vois aucune trace de plan touristique. Je précise que, même si les pouvoirs publics mobilisent beaucoup de moyens pour développer le tourisme, les choses resteront en l'état actuel», ajoute notre interlocuteur. La réussite d'une saison estivale ne peut se vérifier en termes de chiffre. Il s'agit plutôt de savoir si les personnes ayant de leur budget pour des moments de plaisir et de détente sont reparties satisfaites. C'est loin d'être le cas globalement. Et pour sauver la face et éviter aux jeunes d'errer dans les villes et les villages, des initiatives émanant des autorités locales sont à signaler. Des assemblées locales louent, en effet, des espaces de camping dans des stations balnéaires au profit des jeunes, notamment ceux issus des familles démunies. Mais si efficace que soit l'implication des autorités locales dans l'organisation, elle est loin de s'effectuer pour de petites sommes. Les élus locaux ne cachent pas les charges que l'exécutif supporte en matière de dépense. «C'est une tradition : nous organisons chaque été des excursions et des sorties en mer pour les enfants de notre commune. Nous sommes tenus d'organiser cette opération même si cela devait nous coûter cher. L'essentiel pour nous, c'est de faire plaisir à nos enfants», estime un élu de l'APC de Sidi M'hamed à Alger. A Chlef, c'est la direction des transports qui essaye de contribuer au succès de la saison estivale. Un plan de transport spécial est ainsi prévu par cette direction. Des lignes spéciales seront ouvertes durant toute la saison estivale pour assurer des navettes quotidiennes entre les différentes localités de la wilaya et les communes côtières afin de permettre aux familles dépourvues de moyens de transport particulier de profiter des bienfaits de la mer et des merveilleux paysages qu'offre cette région. En définitif, et en plus de la question des mentalités, appelées à changer, la réussite de toute politique du tourisme exige l'apport et la participation de différents acteurs : la Protection civile, l'environnement, la culture, la santé, le commerce, le transport, l'hydraulique…