Des restos toxiques. C'est le moins que l'on puisse dire des restaurants des résidences universitaires de Constantine. En l'espace de quelques mois, cette wilaya a connu trois cas d'intoxications alimentaires collectives graves. Les victimes se comptent aujourd'hui par centaines. Avant même l'arrivée des premières chaleurs, les toxi-infections alimentaires ont frappé fort pour refaire surface en ce mois de mai et toucher des étudiants en pleine période d'examens. Cette récurrence des intoxications et cette situation alarmante suscitent maintes interrogations. Des interrogations liées directement à la gestion des œuvres universitaires. Le fait que ce feuilleton se répète en quelques mois avec la même ampleur n'est pas le fruit du hasard ni celui d'une simple petite erreur du magasinier, du cuisinier, du serveur ou, en d'autres termes, des principaux intervenants dans la chaîne de cuisine. Les questions à poser sont ailleurs. Il y a lieu de fouiner plus loin, c'est-à-dire dans l'ensemble des éléments ayant une relation directe avec l'approvisionnement des restaurants universitaires en denrées alimentaires nécessaires pour la préparation des différents plats. En termes plus clairs, les fournisseurs. Ce qui pousse à chercher encore dans les modalités de passation des marchés entre l'administration des œuvres universitaires et ces fournisseurs. Sur quelles bases et sur quels critères se font ces opérations ? En tout cas, à la lumière de ce qui s'est produit à Constantine au cours de ces derniers mois, l'on peut dire que l'opération de passation de marchés avec les fournisseurs est loin d'être assurée conformément aux règles en vigueur. La corruption, le gain facile, le gré à gré, semblent gangrener la gestion des restos universitaires et même les cantines scolaires puisque des cas d'intoxication ont été enregistrés à ce niveau. L'on se soucie donc beaucoup plus de gagner de l'argent en payant moins cher des achats pour des produits douteux au détriment de la santé des citoyens en général et des étudiants de manière particulière, voire de leur vie. La vie de ces étudiants ne représente rien devant l'appétit insatiable de ces fournisseurs et de leurs complices, tel ce boulanger de Constantine qui avait vendu de la pâtisserie avariée à la résidence universitaire filles d'El Khroub et qui n'avait été condamné qu'à deux ans de prison et une amende. Si la sanction avait été sévèrement appliquée, des leçons auraient été tirées par ceux qui seraient tentés par le gain facile. Or, ce n'est pas le cas. En plus du consommateur, l'Etat continue à payer lourdement ces pratiques frauduleuses puisque l'hospitalisation de chaque malade coûte entre 2 000 et 3 000 DA par jour. Quand corruption et insouciance se mêlent, le résultat est connu… S. I.