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Les vaccins en Algérie, entre améliorations et dysfonctionnements
La chaîne de distribution souffre de certaines lacunes
Publié dans La Tribune le 04 - 07 - 2009

Si l'on compare avec les années précédentes, la couverture vaccinale en Algérie est relativement bonne. Les doses de vaccins nécessaires pour les populations cibles -les enfants en bas âge particulièrement- sont disponibles en grande quantité.
Les médecins et autres personnels médicaux travaillent de façon à respecter le calendrier annuel.
Grande pénurie du vaccin antipolio
Il n'en demeure pas moins que des insuffisances sont encore à déplorer et que des améliorations sont souhaitées. L'Etat, qui en est bien conscient, traîne encore à trouver les bonnes solutions et les mettre en application. Le dernier épisode en date, qui a mis à nu les défaillances de ce système, est celui qui concerne la rupture du vaccin antipolio. La pénurie déclarée de ce vaccin a suscité de grandes inquiétudes chez les parents mais aussi une grande panique dans le milieu hospitalier. 1 150 000 doses du vaccin ont été détruites à cause d'une panne d'électricité survenue un week-end. En argent, cela équivaut à 9 millions de dinars. 9 millions de dinars détruits en un week-end sans que les premiers concernés, à savoir les responsables de l'Institut Pasteur d'Alger (IPA), s'en rendent compte. Et si la presse n'en avait pas parlé, cette structure ne l'aurait pas fait. Interpellé sur ce malheureux incident, l'ancien directeur de l'IPA a déclaré que la panne électrique était due à un câble souterrain ayant pris feu. «Nous avons alors préféré ne pas mettre ces vaccins sur le marché à titre préventif et nous les avons rendus à notre fournisseur», avait-il précisé. Le premier responsable de l'IPA assure que l'institut dispose d'un groupe électrogène mais le problème est lié à une mauvaise alimentation des congélateurs. «Nous avons refait toute l'installation et un nouveau câble a été mis en place», a-t-il souligné. Les quantités détruites ont été remplacées par d'autres mais non sans coûter cher aux caisses de l'Etat. L'affaire a donc donné libre cours à une grande polémique pendant des jours, aux interrogations… Deux responsables bien placés ont été limogés, le même jour, et à la même minute : l'ancien directeur général de l'IPA et celui de la Pharmacie centrale des hôpitaux. Histoire de calmer les voix qui demandent encore des comptes.
Des pénuries de moindre importance sont signalées ici et là à travers le pays. Parfois, relayées par voie de presse, d'autres non. Elles surviennent, généralement, dans des wilayas de l'intérieur, non pour cause de problèmes d'approvisionnement de l'IPA ou de l'un de ses fournisseurs mais principalement en raison des mauvaises conditions de transport. Il ne s'agit pas de cas d'exception mais, bien au contraire, de problèmes répétés à longueur d'année. Un seul exemple pour témoigner d'une situation de laisser-aller flagrante : «L'homme qui est venu s'approvisionner en vaccins à l'IPA était dans une voiture peu commode. Bien sûr, il n'y avait pas de réfrigérateur à l'intérieur. Pis, il s'est dit -puisqu'il est à Alger- pourquoi ne pas profiterait pour régler un problème. Ce qu'il a justement fait, laissant la voiture toute la journée dans le parking…». C'est le témoignage d'un employé de l'Institut Pasteur d'Alger, outré par ce comportement irresponsable de ceux qui doivent veiller à la protection de la santé de l'enfant et de l'adulte.
Laisser-aller et ruptures à répétition
D'aucuns ne peuvent ignorer que les unités de vaccination à travers le pays connaissent toutes des ruptures de stock. Les causes sont multiples : pannes d'électricité, rupture de la chaîne du froid (absence de chambre froide), manque de moyens conformes de transport de vaccins (véhicule, avion) et problèmes liés à la mauvaise gestion des stocks au niveau des unités de vaccination (commandes importantes par rapport aux besoins et vice versa). Des problèmes de gestion que l'on signale aussi au niveau de l'IPA lui-même, la seule structure habilitée à importer et à distribuer les vaccins. Si l'on en croit certains proches, l'IPA ne fait pas toujours ses commandes à temps et n'intervient pas efficacement en cas de défaillances d'un fournisseur. Des problèmes de gestion qui se répercutent négativement sur les autres maillons de la chaîne jusqu'à arriver au citoyen. Des cas de rougeole ont été constatés et cela ne peut avoir pour explication que le fait que le vaccin utilisé n'a plus d'efficacité. «Il arrive que des vaccins se détériorent sous l'effet de la chaleur», raconte un biologiste.
L'autre chose à évoquer en ce qui concerne les vaccins en Algérie est que le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière s'occupe des vaccins dits de base. Cela est déjà important mais semble négliger ceux dits rénovants. Des vaccins qui pourraient éviter de grandes maladies et, partant, réduire la lourde facture d'importation des médicaments. Rappelons, à ce propos, que l'Algérie importe pour une somme annuelle d'un milliard 500 millions d'euros chaque année. Elle dépense 15 millions d'euros dans l'importation des vaccins.
Pourquoi ne dépenserait-elle pas plus dans les vaccins pour les réduire de la facture d'importation des médicaments ? C'est, là, toute la question. On cite, à titre d'exemple, le vaccin contre la ROR (rougeole-oreillon-rubéole) et celui contre le cancer du col de l'utérus. Les deux vaccins ne sont pas mis sur le marché algérien. Ailleurs, ils ont fait leurs preuves.
K. M.
Pour avoir plus d'informations sur la question, nous avons contacté aussi bien l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) que le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Nous avons sollicité un entretien avec l'un des responsables chargés du dossier mais nous n'avons pas reçu de réponse.
K. M.


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