Entretien réalisé à Oran par Mohamed Ouanezar LA TRIBUNE : Le Festival international du film arabe vous a choisi pour vous rendre un hommage. Quel en est votre sentiment ? Sid-Ali Kouiret : C'est une grande joie pour moi. Je ne vous le cache pas. Ça m'honore beaucoup. Après tant d'années au service du cinéma algérien, et pense que c'est gratifiant. En fait, moi ça fait longtemps que je n'attendais plus rien des autorités. Une fois, il y avait quelqu'un qui me disait que je n'avais pas de statut en tant qu'acteur et artiste algérien. Je lui ai répondu que mon statut, moi, je l'ai dans les quartiers populaires à El Hamri, à la Casbah. Là, se trouve ma récompense. Si je me rends maintenant à El Hamri, je me sens respecté, adopté et estimé. Est-ce que vous avez le sentiment d'avoir accompli votre mission et d'avoir tout fait durant votre parcours artistique ? Plus on avance dans la vie, plus on a envie de faire mieux, de faire plus et davantage. Est-ce que vous estimez juste qu'après 60 ans de métier, on tente par tous les moyens de vous mettre au placard et de vous écarter ? Si j'étais footballeur, je serais aujourd'hui entraîneur ou président d'un club sportif. C'est un métier ingrat et difficile et nous sommes entourés de jaloux qui nous mènent la vie dure. Vous voulez encore continuer à vous produire dans les films algériens ? Pourquoi pas. Pourquoi on ne me donnerait pas un rôle avec les jeunes. Moi, je me rappelle quand j'étais à mes débuts, c'est avec les grands de l'époque comme Mustapha Kateb et d'autres que j'ai appris le métier. C'est avec ces grands que j'ai appris l'essentiel du métier. Ça m'a beaucoup servi et permis d'évoluer. Pensez-vous qu'il y a défaillance dans l'exploitation du capital expérience et des aînés dans le métier du cinéma ? Est-ce qu'on peut dire qu'il y a une relève dans le cinéma en Algérie ? Ecoutez, moi je suis l'acteur le plus primé dans le monde arabe. Je le dis en toute conscience et fierté. J'ai travaillé et fait des films avec les Egyptiens, les Français, les Italiens, les Libyens, les Tunisiens, les Marocains et bien d'autres. Ça m'a forgé. Je peux transmettre encore de ce capital, de cette expérience. La relève est là, mais le problème est de savoir si elle est bonne. Est-ce qu'elle est digne de ses aïeuls ? Si on ne respecte pas ses enfants, ce ne sont pas les autres qui vont le faire. Moi, je suis jaloux quand je vois tous les égards dont bénéficient les acteurs arabes. En fait, ça ne rime à rien si on n'invite pas les grandes stars égyptiennes et syriennes. Mais encore faut-il donner de l'importance à nos acteurs. Regardez ailleurs ces Algériens qui font l'actualité autour du pays et de ses espérances. C'est cheb Khaled, Fellag, Zidane et tant d'autres encore. Que pensez-vous de ce festival ? C'est une très bonne initiative. Je pense que c'est bien huilé et ça marche très bien. Je souhaite beaucoup de succès à cette édition. Comment trouvez-vous Oran ? C'est une ville que j'aime beaucoup. Malheureusement, je n'ai pas encore pris le temps de la visiter de nouveau.