L'Algérie va créer son propre institut des sciences et techniques nucléaires. Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, qui en a fait l'annonce lundi dernier à Oran lors d'une rencontre organisée au siège de l'activité Aval de Sonatrach, a précisé que cet institut permettra à l'Algérie de former ses propres ressources humaines dans ce domaine. En outre, cet établissement, qui sera implanté à Ghardaïa, aura pour objectif, selon le ministre, de former les cadres nationaux et mettre un terme à la dépendance du pays en matière d'engineering. Pour Khelil, le projet intervient dans le cadre de la stratégie visant à une meilleure maîtrise de l'engineering, à même de permettre au pays de construire ses propres centrales, solaires notamment. M. Khelil a souligné que la décision de création de ce futur institut «ne signifie pas pour autant que l'Algérie a décidé de se doter d'une centrale nucléaire». Il a noté, par ailleurs, que la création d'une centrale nucléaire exige une analyse profonde avant la prise de décision politique, qui tienne compte de ses avantages mais également de ses inconvénients tant sur le plan financier qu'environnemental. Entre autres inconvénients pris en considération dans la réflexion évoquée par le ministre, il citera la nature sismique du sol, le fait que l'uranium doit être enrichi alors que l'Algérie ne dispose pas encore des moyens nécessaires pour cette opération, et le traitement des déchets radioactifs. «Les contraintes du nucléaire ne se posent pas, en revanche, de la même manière avec le solaire, mais l'aspect onéreux est commun aux deux énergies», a observé M. Khelil. Si le pays semble mieux disposé à prendre option pour l'énergie solaire, le nucléaire, lui, ne constitue pas, pour le moment, une question d'urgence, a-t-il dit. M. Khelil avait annoncé il y a quelque mois que l'Algérie se dotera d'une centrale nucléaire tous les cinq ans après sa première prévue en 2020. Selon le ministre, l'Algérie a déjà conclu des accords dans le domaine du nucléaire civil avec l'Argentine, la France, la Chine et les Etats-Unis et des négociations sont en cours avec la Russie et l'Afrique du Sud pour la conclusion de nouveaux accords. Il a précisé que le projet de loi sur l'énergie nucléaire, qui a été soumis au gouvernement pour examen, prévoit notamment la création d'une agence nationale de sûreté et de sécurité nucléaire. Cette agence sera chargée de superviser et de contrôler l'utilisation de l'énergie nucléaire, et la mise en place d'une société de développement et de recherche dans le domaine de l'énergie électro-nucléaire, expliquait le ministre. Actuellement, l'Algérie dispose de deux réacteurs expérimentaux à Draria et à Aïn Oussera, près de Djelfa. Le réacteur de Draria, de trois mégawatts, a été construit en coopération avec l'Argentine, celui d'Aïn Oussera, de 15 mégawatts, a été livré par la Chine. S. B.