La disparition de Francis Jeanson, ce combattant pour l'indépendance de l'Algérie, nous retrempe dans un passé pas très lointain mais qui reste fondateur de notre être. Le triste événement nous rappelle, surtout, que des hommes et des femmes venus d'ailleurs ont donné leur vie pour la liberté et la dignité de cette terre. Leur engagement pour la liberté de l'Algérie suscite davantage le respect qu'il était désintéressé et émanait d'un sincère sermon pour l'idéal libérateur. Seulement, ces militants anticolonialistes qui on vibré pour le drapeau algérien semblent être de nos jours les «autres» oubliés de la révolution algérienne. Il demeure en effet accablant que le rôle de ces héros soit confiné à la limite de l'occultation. Le fait que Francis Jeanson demeure quasi inconnu parmi les jeunes, cette nouvelle génération, fruit de cette indépendance qu'il a contribué à se réaliser, est affligeant. Il est pour le moins aberrant également de constater l'absence de l'action exemplaire de ces militants nationalistes dans les programmes scolaires et universitaires depuis l'indépendance. Celui dont le nom s'est allié avec le «réseau Jeanson» était un authentique Algérien au propre et au figuré. Le procès du réseau qui portera son nom restera pour l'histoire un moment fort de la lutte pour l'indépendance du pays. Les fameux porteurs de valise de la liberté ont marqué leur temps et l'histoire retiendra le rôle décisif de Francis Jeanson aux côtés de la Fédération de France du Front de libération nationale. Mais l'indépendance acquise, l'histoire officielle ne fera point la place qu'ils méritent à tous ceux venus d'autres horizons et qui avaient l'Algérie chevillée au cœur. Pourtant, ces hommes, à l'image de Jeanson, ne demanderont aucune reconnaissance après l'indépendance. Seul le combat pour l'idéal passionnait ces combattants de la liberté. Francis Jeanson avait une seule peur pendant les années de lutte, c'était «que des Algériens activant avec lui se fassent arrêter et torturer». La contribution et l'action de ces hommes et femmes libres ont eu leur pesant d'or dans l'avenir de l'Algérie. Il est de ce fait grand temps que l'Etat algérien fasse le devoir de mémoire et de reconnaissance envers ceux qui nous ont aidés et soutenus par leur engagement sans faille à recouvrer notre indépendance. Il est de notre devoir que les noms de tous ces frères, leurs actions et leur base philosophique soient connus. M. B.