Photo : Sahel Par Amel Bouakba Tabagisme, hypertension artérielle, cholestérol, sédentarité et surpoids, autant de facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, des pathologies en nette augmentation en Algérie, comme partout ailleurs. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité dans le monde. L'Algérie n'est pas épargnée par ce fléau, c'est pourquoi la prise en charge des urgences cardiologiques se pose avec acuité. Des solutions innovantes sont proposées dans ce sens, à l'image de celle apportée par le docteur Abderrahmane Ameur, cardiologue, vice-président des Urgences cardiologiques de Paris (UCP). Il a animé hier une conférence de presse à la maison de la presse Tahar Djaout, en présence de cardiologues et de représentants d'associations, notamment le président de la Forem, le professeur Mostefa Khiati. Le docteur Ameur a axé sa conférence sur le rôle de la télémédecine dans la prise des urgences cardiologiques grâce à des unités mobiles connectées au centre pour la douleur thoracique. Concernant les maladies cardiovasculaires, il dira que l'infarctus du myocarde (syndrome coronarien aigu) est responsable du tiers de cette mortalité et ce, en dépit des progrès considérables réalisés ces dernières années, tant du point de vue diagnostic que thérapeutique. «Cette situation est due essentiellement, selon le conférencier, au délai de prise en charge qui est soumis à différents facteurs tels que le caractère insidieux des douleurs thoraciques, une hésitation du diagnostic et des délais pour les résultats biologiques entraînant une intervention différée.» L'apparition récente sur le marché de nouveaux marqueurs biologiques permet un diagnostic rapide et fiable. La réalisation de ces marqueurs à domicile permet l'instauration rapide des thérapeutiques plus appropriées pour bloquer les phénomènes thrombotiques en rapport avec la fissuration ou la rupture de la plaque d'athérome responsable de l'infarctus du myocarde. Le malade ainsi stabilisé est dirigé rapidement vers une unité de coro-angioplastie afin de réaliser une revascularisation optimum et ce, dans les meilleurs délais. D'après le docteur Ameur, «la mise en place de ces techniques au lit du malade permet une diminution importante du délai de prise en charge puisque le diagnostic et le traitement sont initiés immédiatement et améliorent le pronostic vital et réduisent la morbidité». Dans ce cadre, la création d'une Unité mobile pour la douleur thoracique (UMDT) et son corollaire, un Centre pour la douleur thoracique (CDT) représente, selon l'orateur, le moyen le plus efficace pour répondre à ce type de situation. Le docteur Abderahmane Ameur, qui est le promoteur du projet, a annoncé la création du CDT pour septembre prochain. Il s'agit, a-t-il dit, d'une solution innovante pour la surveillance et la prise en charge des urgences cardiologiques, associant une unité fixe (CDT) et une unité mobile (UMDT), délocalisée, reliée par une structure informatique. La réalisation de ce projet permettra concrètement de collaborer avec l'Algérie pour la prise en charge, l'assistance, l'expertise, la formation et la surveillance en temps réel des urgences cardiologiques. Ce projet a été, selon le conférencier, présenté à l'ancien ministre de la Santé qui l'avait trouvé intéressant. L'actuel ministre du secteur, Saïd Barkat, a lui aussi été informé du projet, ajoutera le docteur Ameur qui précisera enfin : des contacts sont entrepris avec des cardiologues et deux cliniques privées, celles de Kouba à Alger et El Hikma à Oran, afin d'entamer les essais préliminaires d'ici septembre. Il s'agira de connecter ces structures avec le Centre de la douleur thoracique.